N’écoutez pas les conseilleurs

En préambule, quelques rappels :
1°) En lisant votre littérature bridgeuse, ayez toujours des cartes à étaler sur une table, et reproduisez tous les exemples physiquement, vous aurez une bien meilleure compréhension de notre jeu.
2°) Inscrivez-vous dans un club, ou bien jouez en partie libre avec des joueurs plus chevronnés que vous, c’est ainsi que l’on fait les progrès les plus rapides. Dans tous les cas, efforcez-vous de jouer au moins une fois par semaine pendant 3 heures, deux fois par semaine étant un rythme à recommander.
3°) Entrons dans le vif du sujet, titre de cet article. Tout d’abord, à chaque partie, à chaque table où vous vous asseyez, assurez-vous que vos partenaires et vos adversaires jouent strictement le même système que vous, c’est-à-dire le Système d’Enseignement Français (SEF). Dans le cas contraire, cas très fréquent, même s’il s’agit d’un joueur de très bon niveau, n’écoutez pas ses conseils ! Il fissurerait l’édifice déjà bien difficile à inculquer qu’est le SEF. Les conseilleurs sont innombrables au bridge — comme pour les partis politiques, il y en a autant que de joueurs. Ne les écoutez pas, sauf si vous êtes certains qu’ils sont classés en 1ère série ET qu’ils pratiquent le SEF : dans l’ensemble, il s’agit des moniteurs. Un exemple courant, vécu à la table, de discussion sur le système : on vous demandera souvent quelle est votre méthode de signalisation en flanc. Lorsque vous en aurez une (j’espère bientôt pouvoir vous en parler), répondez : « la signalisation enseignée dans le SEF ». Ce seront le « pair-impair » et la « défausse directe » dans tous les cas. N’essayez surtout pas d’apprendre autre chose, car cela vous embrouillerait les idées inéluctablement, croyez-en mon expérience ! De nombreuses « bonnes âmes » voudront vous enseigner la « première défausse italienne », le « Lavinthal à sans-atout », la « défausse chinoise » (ou autre nationalité exotique), que sais-je encore ? Tout cela est inutile et ne peut que détourner votre réflexion en cours de jeu, obnubilés que vous serez à ne pas faire d’erreur de défausse ou de signalisation. De la même façon, n’écoutez jamais les gens qui vous recommanderaient tel ou tel système d’enchère « beaucoup mieux » que le SEF, et surtout telle ou telle nouveauté ! Les enchères nouvelles doivent être rodées plusieurs années avant qu’on en prouve réellement l’utilité. Laissez ces expérimentations aux champions, et n’adoptez rien que vous ne puissiez travailler vraiment, avec un partenaire attitré. Les nouvelles enchères ont en effet obligatoirement des inférences qui influent sur tout le système. Vous aurez assez à apprendre avec le simple SEF ! Je vous donne deux exemples passés qui viennent, parmi beaucoup d’autres, à l’appui de ce que viens de vous recommander. La convention Lebel-Soulet (souvent appelée « la collante ») s’est répandue dans les clubs à une vitesse supersonique dans les années 1990. Elle se joue toujours souvent aujourd’hui à la table, alors que les auteurs eux-mêmes l’ont abandonnée depuis, en raison des effets collatéraux soulevés. Faire marche arrière est bien compliqué ! Deuxième exemple : le « Puppet Stayman » (en France, on prononce : « Stayman poupette »), qui permettait d’ouvrir de 2SA une main contenant une majeure 5ème, est également une convention encore beaucoup jouée. Mais ses inconvénients sont tellement nombreux que la plupart des bons joueurs y ont renoncé, malgré ses indéniables attraits. Alors, choisissez : apprenez un système solide et cohérent, le SEF, ou bien éparpillez-vous, avec une efficacité douteuse, dans des multitudes de « variantes » conseillées par des joueurs qui ignorent le plus souvent eux-mêmes les inférences…
Mais je suis sûr que vous saurez choisir la sagesse, qui consiste à ne pas s’encombrer l’esprit avec des conseils douteux qu’évidemment vous n’avez pas encore les moyens de critiquer.

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7 commentaires sur “N’écoutez pas les conseilleurs

  1. Cher Monsieur,
    Je tombe par hasard sur votre note liminaire. Forcément elliptique et simplificatrice. Cependant, il me semble qu’elle a tendance à privilégier les effets les (conventions), vis à vis des causes (les situations) qui les induisent. Je prends à titre d’exemple le « Puppet Stayman ». A vous lire on a le sentiment qu’il est déconseillé d’ouvrir de 2SA avec une majeure cinquième. Une ouverture 2 majeur fort (quel que soit la convention) requiert généralement 6 cartes. Donc il est commode de pouvoir ouvrir de 2SA avec une majeure seulement cinquième. Et dans ce cas, il existe d’autres conventions que le « Puppet Stayman » pour découvrir un fit 5-3 en majeure.
    En résumé, ce n’est pas parce qu’on juge que le « Puppet Stayman » n’est pas pertinent (ce que je pense), qu’il faut déconseiller l’ouverture de 2SA avec une majeure cinquième, qui, elle, est parfaitement pertinente (à mon humble avis). C’est l’histoire de la poule et … l’oeuf.
    Cordialement.

    • Cher ami bridgeur,
      Si vous êtes un lecteur (assidu ?) de ce site, vous aurez compris que celui-ci ne concerne que le Système d’Enseignement Français (le SEF), que je défends en tant que langage commun entre bridgeurs de chez nous (voir l’article Le SEF, rien que le SEF). Le SEF n’admettant pas l’ouverture de 2SA avec une majeure 5ème (« convenable »), moi non plus. La recherche d’un fit 5-3 n’en est pas affectée (voir les cours), et la couleur n’a pas besoin d’être 6ème pour ouvrir de 2♣. Il existe bien entendu beaucoup d’autres systèmes, peut-être aussi efficaces sinon plus, mais ce n’est pas l’objet de ce site. Bien entendu, nous attendons la prochaine édition du SEF, qui aura peut-être évolué…
      Bien cordialement,
      Olivier CHAILLEY

      • Cher Monsieur,
        Je suis tombé par hasard sur votre publication, et je n’ai pas consulté vos solutions relatives à ce type de situations. Dont acte. J’ai, en première lecture, exprimé une opinion personnelle vis à vis de celle-ci. Je comprends parfaitement votre discipline. Le SEF rien que le SEF. Vous admettrez cependant que le SEF puisse lui-même être évolutif, et que toute réflexion sur son évolution puisse favoriser l’intérêt pour le SEF. La curiosité, est un facteur de développement du jeu de bridge en général (AMHA).
        Bien à vous.

        • Cher ami bridgeur,
          N’ayant aucune habitude des sigles, acronymes, ou autres abréviations, pouvez-vous me confirmer que  » AMHA  » signifie bien  » à mon humble avis  » (c’est ce qu’a semblé me révéler une recherche sur mon moteur de recherches) ? Je vous en serais reconnaissant.
          Bien cordialement,
          Olivier CHAILLEY

          • Cher Monsieur,
            AMHA se développe bien en : A Mon Humble Avis.
            De même en anglais IMHO se développe en : In My Humble Opinion.
            Bien à vous.

      • Ne jamais oublier trois choses :
        1/ Le SEF est un système d’enseignement et non pas un système de jeu.
        2/ Le SEF est exclusivement joué en France (pas en Belgique, pas en Suisse, etc…)
        3/ Le meilleur système est celui que vous jouez avec votre PARTENAIRE.
        Après, chaque paire joue en fonction de son niveau, de sa sensibilité.

        • D’accord, mais :
          1°) Il est souvent bon de jouer ce que l’on vous a enseigné, et donc ce que vous avez appris.
          2°) Dans le classement mondial du bridge, je ne crois pas que la Belgique, ou la Suisse, avec leurs systèmes, soient vraiment mieux placées que la France.
          3°) Justement, le SEF permet de jouer avec n’importe quel partenaire SEF (et ils sont nombreux !).
          De très nombreux systèmes existent hors SEF entre partenaires fittés, qui jouent toujours ensemble. Ils sont tenus d’alerter tout ce qui ne serait pas bien compris par leurs adversaires (rappel)…

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