Le SEF 2024 (suite et fin)

Rappelons en préambule que le SEF est et doit être notre bible à tous. C’est en effet le seul moyen, et le plus simple, de pouvoir jouer avec un inconnu, pour peu qu’il ait lui-même connaissance de la méthode. C’est notre langage bridgesque, et il faut donc le répandre au maximum autour de nous. Rajoutons, le SEF et rien que le SEF. De nombreux « gadgets », plus ou moins utiles, viennent se greffer sur ce système. Ne les utilisez pas si vous ne connaissez pas parfaitement le SEF ! Si ces conventions se révèlent utiles à la longue, les experts les intégreront. Deux exemples : le mini-maxi (voir l’article précédent) après la séquence 1-2♣-? est utile, on le trouve depuis le SEF 2024. A contrario, le contre Lebel-Soulet (collante) n’y figure toujours pas. Pourquoi ? Parce que ses inconvénients apparaissent plus importants que ses avantages. Il y a donc largement de quoi faire (et apprendre) avec le SEF, sans s’encombrer d’autre chose.

Il y a quelques semaines, ici même, un article intitulé Le SEF 2024 (1) a commencé à relever les différences entre le SEF 2018 et le SEF 2024. Nous allons poursuivre cette tâche, tout en soulignant les points importants qui donnent souvent lieu à des confusions.

Commençons par les enchères du répondant après un Passe initial. Vous avez passé et votre vis-à-vis ouvre d’une majeure. Si votre équipe joue la convention Drury, le n° 3 peut se permettre d’ouvrir avec un jeu faible, dans le but de gêner le n° 4, qui alors a forcément des points (voir tous les cours concernant les enchères après Passe). Certaines nuances ont été apportées par le SEF 2024 sur les réponses au Drury. Dans le SEF, on joue le Drury fitté. Les conditions de l’enchère de 2♣ Drury sont inchangées (p. 20), mais en revanche les réponses sont maintenant les suivantes : 2/♠ ne promet plus 6 cartes, mais indique seulement une ouverture faible (12HL ou moins). 2 reste ambigu, avec un espoir de manche, et par conséquent ne couvre plus de main faible. Les autres réponses sont les mêmes que dans le SEF 2018. Apprenez-les, car elles sont souvent oubliées !

La deuxième enchère du répondant est un chapitre essentiel. Il introduit la notion de contrôle. Si vous n’avez pas l’intention de lire dans le présent site tout ce qui concerne les contrôles (souvent hors SEF), retenez simplement que vous devez toujours commencer par votre contrôle le plus économiquement exprimable. Le sauter serait le nier ! Rappel : il n’y a pas de contrôle au dessous de 3♠.

Le Roudi n’a pas changé. Rappel : en 2018, on pratiquait déjà le « Roudi 3 réponses ». La réponse de 2SA n’existe donc plus depuis longtemps ! Si vous n’avez que 2 cartes dans la majeure du répondant, dites 2 dans tous les cas, que vous soyez maximum ou minimum. Et sur 2, les enchères du répondant au palier de 2 sont non forcing, y compris 2SA.

Le chapitre intitulé « Après une redemande à 2SA avec saut » appelle quelques commentaires. En 2018 (SEF p. 53), il était « préférable » de nommer sa majeure au niveau de 1 si possible, mais on pouvait tout de même dire 2SA avec 4 cartes à ♠ et 18-19H. En 2024 , c’est plus clair (SEF 2024, p. 51), et c’est ce que je vous recommande depuis toujours : si vous pouvez dire 1♠ au niveau de 1, c’est prioritaire et obligatoire. La séquence 1♣/-1-1♠ peut donc bien cacher 18-19H et une main régulière. Et 1♣/-1-2SA nie l’existence de 4 cartes à ♠. Ceci devrait maintenant être clair pour tout le monde ! Autre rappel indispensable dans le même cadre : le relais interrogatif du répondant après la redemande de l’ouvreur à 2SA se fait dans l’autre mineure et non systématiquement à 3♣. La redemande dans la mineure d’ouverture est un fit, forcing de manche, avec un singleton (non obligatoire en cas d’espoir de chelem).

Une nouveauté essentielle apparaît dans le SEF 2024 (p. 53), non mentionnée dans le SEF 2018, après une redemande à la couleur au palier de 1 (par exemple 1♣-1-1♠-?), lorsqu’il s’agit de soutenir la deuxième couleur (majeure) de l’ouvreur. Outre les réponses habituelles, une mineure au palier de 4 est un Splinter, même dans la couleur d’ouverture : après 1♣-1-1♠-?, 4♣/ sont des Splinters fittant la couleur ♠.

On note aussi une petite nuance dans la valeur minimale de la 4ème couleur forcing à 1♠ (séquence 1♣-1-1-1♠) : en 2024 (p. 53), il faut 8HL au minimum (4ème couleur naturelle) au lieu de 6HL en 2018 (p. 56).

Une précision est bienvenue, par rapport à 2018, dans le SEF 2024 (p. 56), au chapitre redemande après un bicolore économique (par exemple 1♠-2♣-2-?). La répétition de la réponse au niveau de 3 (ici 3♣) n’est pas forcing. Cela va mieux en le disant. Je vous recommande de bien assimiler (p. 57) le rôle de la 4ème forcing après un bicolore économique ou après un bicolore cher.

Les enchères de chelem n’ont pas beaucoup changé d’un SEF à l’autre. Mais il convient d’insister particulièrement sur les continuelles erreurs constatées en club sur le rôle de l’enchère de 4SA. Il faut changer la façon de penser. Bien sûr, vous ne tenterez d’aller au chelem que si la valeur combinée de vos deux jeux est connue au préalable comme étant suffisante. Il faut toujours se dire que 4SA est une enchère a priori quantitative, au poids. Elle ne devient Blackwood, appel aux As, que s’il y a un fit majeur (exprimé ou sous-entendu), ou bien qu’au préalable, une couleur a été nommée au palier de 4. Lisez cela attentivement ! Autre remarque concernant les chelems : le Contre Lightner, qui figurait en bonne place dans le SEF 2018 (p. 70) a complètement disparu du SEF 2024. Il n’en reste pas moins utile, et à recommander…

Nous arrivons maintenant aux enchères compétitives, et particulièrement aux interventions et aux réveils. Il s’agit des chapitres qui apparaissent les plus compliqués aux débutants ; il faut donc s’y attacher particulièrement ! L’intervention simple du n° 2 au palier de 1 se fait maintenant à partir de 8HL (p. 66) et non de 9HL comme précédemment. Le bridge français devient plus agressif ! On peut tout de même tenir ici compte des vulnérabilités. Attention, rappel : l’intervention à la couleur va jusqu’à 18HL inclus. Le « Contre toute distribution » exige 19HL ou plus. Autre rappel, ô combien utile : on peut Passer, si la main ne convient pour aucune des enchères d’intervention, avec une belle ouverture, voire jusqu’à 17HL ! Ce sera souvent avec une main régulière.

Un des changements les plus importants du nouveau SEF 2024 concerne l’intervention du n° 4 après un soutien adverse en majeure (1/♠-Passe-2/♠-?). Le SEF 2018 (p. 74) et le SEF 2024 (p. 69) sont d’accord pour l’intervention à 2SA : bicolore mineur 5+-5+. Mais : Le cue-bid 2018 (3/♠) demandait l’arrêt dans la couleur adverse pour jouer 3SA. Cette logique a été remplacée par une autre, dont il faudra se souvenir ! Le cue-bid 2024 (3/♠) montrera un bicolore avec 5+ cartes dans l’autre majeure et 5+ cartes à ♣. En 2018, les interventions par 4♣ et 4 montraient cinq cartes dans la mineure nommée et cinq cartes dans l’autre majeure. Cette fois, en 2024, 4♣ indiquera un bicolore avec cinq cartes dans l’autre majeure et cinq cartes à . Donc des significations radicalement différentes, qu’il va falloir se mettre dans le crâne ! Remarquons toutefois qu’il s’agit de transposer à un palier supérieur l’intervention directe du n° 2 après une ouverture majeure (Michaël’s précisés). Il suffit (!) d’y penser.

Les réponses du n° 4 aux interventions du n° 2 sont présentées différemment, mais n’ont pas évolué lorsque le n° 3 a Passé. En 2018 (p. 76), le cue-bid de l’ouverture demandait (classiquement) à l’intervenant s’il avait l’ouverture et promettait 11-12HLD en cas de fit, et 13HL au moins sans fit. Aujourd’hui, en 2024 (p. 69), ce cue-bid peut toujours être fitté ou non. Les autres enchères ne sont pas changées non plus : tous les changement de couleur sont forcing, même le 2 sur 1 (sauf si le n°3 a parlé), rencontres, Splinter (seulement dans l’ouverture adverse), enchères à SA.

Dans le même chapitre, lorsque le n°3 a parlé, qu’il soutienne l’ouvreur ou qu’il change de couleur (p. 72), l’enchère de 2SA avec ou sans saut du n° 4 promet une main de 7 à 9H et un fit de 4 cartes (donc 10 à 12HLD). Exemple : 1♦-1-1♠/2♣-2SA. Cette convention est nouvelle, et s’est répandue sous le nom de « mixed raise ». Si vous voulez l’adopter, comme d’habitude, parlez-en à votre partenaire ! L’avantage est que l’intervenant connaît tout de suite 9 atouts dans sa ligne, mais il ne faudra pas se tromper de signification…

Les quelques chapitres suivants reproduisent à l’identique le SEF 2018. Arrivons aux interventions et réveils sur les ouvertures au palier de 3 (barrages). Le cue-bid, qui signifiait un bicolore majeur 5-5 sur ouverture mineure, et un bicolore 5-5 avec l’autre majeure et une mineure indéterminée sur une ouverture majeure, a été purement et simplement supprimé, dans sa signification bicolore, au profit de la recommandation suivante (SEF 2024, p. 79) : « Les interventions bicolores doivent faire l’objet d’une entente entre partenaires » ! Cette phrase, révélatrice, souligne bien combien il est difficile de lutter efficacement contre un barrage. Le but des barrages est bien de gêner l’adversaire. Et celui-ci en est gêné ! Alors, chers amis bridgeurs qui tentez d’enchérir contre un barrage, débrouillez-vous ! (Je vous suggère quand même de plutôt suivre les recommandations que vous trouverez dans les cours du présent site…).

Nous en avons fini avec l’évolution des enchères, qui n’est pas mince, comme vous avez pu le lire, et qui va vous donner du travail. Mais n’oubliez jamais que vous avez un partenaire. A-t-il suivi, comme vous, l’évolution préconisée par le SEF ? Sinon, jouez comme vous l’avez toujours fait, car il ne faut pas s’obnubiler sur des sujets qui ne sont, souvent, que des raretés ou des gadgets.

Terminons avec une recommandation que je vous ai déjà prodigué dans le passé, et que pense utile de ressasser. Relisez le chapitre sur le jeu de la carte (qui n’a pas changé d’un SEF à l’autre), qui vous permet de réviser des notions que vous connaissez, une piqûre de rappel n’étant jamais inutile. Et imprégnez vous bien du chapitre sur l’arbitrage. A ce propos, j’insisterai sur deux choses : 1°) A la première position, dans un tournoi, il est interdit de rebattre les donnes après 4 « Passe ». 2°) Familiarisez vous avec le maniement du carton Alerte, qui est le plus souvent mal ou pas du tout utilisé à la table. Un article a été publié sur la question en février 2013 dans le présent site.

Bon bridge !

Olivier CHAILLEY

Le SEF 2024 (1)

Un des événements périodiques majeurs du bridge français s’est reproduit cette année, avec la publication du SEF (Système d’Enseignement Français) 2024, que beaucoup d’entre vous ont dû déjà acquérir. Bien entendu (comme d’habitude), il présente d’importantes différences par rapport au SEF 2018, lui-même déjà bien plus élaboré que le SEF 2012.

La seule notion absolument constante, concernant le SEF depuis ses débuts en 1983, et qui est dûment rappelée dans sa préface, est qu’il ne doit pas être considéré comme un ouvrage permettant d’apprendre le bridge. Il s’agit bien d’un ouvrage de référence, d’une « grammaire », destiné à donner un langage commun à ceux qui désirent s’asseoir à une table de bridge. Il ne devrait servir que rétrospectivement, comme un dictionnaire, en complément des leçons, beaucoup plus étoffées et élaborées.

Le bridge, comme tous les sports, qu’ils soient physiques ou de l’esprit, évolue. De nouvelles techniques apparaissent, des conventions anciennes paraissent dépassées, ou se sont améliorées par l’usage. Le SEF, qui était autrefois un livre de base destiné à l’enseignement et qui paraissait construit sur des bases immuables, s’est donc compliqué, ce qui donne du fil à retordre à ceux qui suivent l’évolution de près, comme les moniteurs. Telle « vérité absolue » enseignée il y a dix ans est maintenant ringarde ou obsolète. Et surtout, deux partenaires qui ne se mettent pas au courant absolument simultanément risquent des déboires à la table, certaines conventions ayant beaucoup évolué. Ceci dit, le SEF n’est pas destiné aux champions, qui élaborent leurs méthodes comme ils le souhaitent, mais à tous ceux qui jouent au bridge plus ou moins régulièrement et qui veulent tenir honorablement leur place. Le SEF 2024 a été comme d’habitude le fruit de la réflexion de nos experts français, tout ce qui y figure étant le fruit d’un consensus.

Comme en 2018, et plus encore, le SEF 2024 contient beaucoup de nouveautés par rapport aux versions antérieures. Il y a plusieurs sortes de modifications : 1°) les simples « nuances », mais qui sont parfois difficiles à gérer ; 2°) les changements vrais, qui touchent des notions anciennes qu’il faut donc réviser ; 3°) l’application de nouvelles conventions, jouées par beaucoup de joueurs depuis longtemps, mais qui n’avaient pas encore été intégrées. Nous essaierons de dégager les nouveautés les plus flagrantes.

Les classifications et évaluations des mains n’ont pas changé, car l’expérience de plusieurs dizaines d’années a entériné la façon de procéder. On trouvera un petit chapitre essentiel en plus : la loi de Verne (loi des atouts, p. 10), qui joue un rôle considérable, et même primordial en enchères compétitives. Pensez-y toujours ! (Le SEF 2018 mentionnait cette loi p. 30, à propos des barrages).

Les soutiens n’ont pas changé, mais le nouveau SEF a tendance à compter plus souvent en points H (honneurs) sans tenir compte des points HL(D) (honneurs-longueurs-distribution). Je ne suis pas sûr (surtout pour les premières années de bridge) que ce soit un progrès… Je vous recommande de continuer comme vous l’avez appris : HL en toute circonstance, fit = réévaluation en HLD. Par exemple, dans le SEF 2024, la convention Truscott (p. 13) réclame un fit et 9H pour les mineures. Dans les majeures, le Truscott réclame bien 11-12HLD (p. 21). On a donc en réalité la même valeur de 11-12HLD. Incohérence minime… Le Contre et le cue-bid du répondant sont inchangés également. Remarque au passage, destinée à beaucoup de lecteurs : la convention Lebel-Soulet (collante) ne fait pas partie du SEF. Dans la séquence compétitive du SEF : 1♣/-1-X, le Contre nie l’existence de 4 cartes à ♠. Si on joue le Contre Soulet, qui promet au contraire 4 cartes à ♠, celui-ci DOIT être alerté (le Spoutnik aussi, d’ailleurs…). Et de plus, on ne joue pas le SEF !

Les réponses à l’ouvreur après une intervention par 1SA sont inchangées. Il n’en est pas de même après une intervention bicolore (Michaël’s précisé) : la signification des deux cue-bids possibles du répondant est complètement différente (d’ailleurs plus simple à retenir, et donc plus facile en 2024). En 2018 : le cue-bid le moins cher/le plus cher montrait la couleur la moins chère/la plus chère non détenues par l’adversaire. SEF 2024 (pages 16 et 23), ces cue-bids sont forcing de manche (13+HLD) ; le plus économique montre un fit dans la couleur d’ouverture, le moins économique promet 5 cartes dans la dernière couleur. Les autres enchères sont inchangées, mais on a rajouté : l’annonce de la dernière couleur à saut est une enchère de rencontre (exemple 1-2-4 = « j’ai 9+ cartes entre et , 5+ et 4+»). Tout ceci se travaille avec votre partenaire. Assurez vous qu’il joue cette nouveauté ! Sans quoi, pataquès… Voir le cours modernisé : Défense contre les Michaël précisés. On rajoute dans ce cours, par rapport au SEF, que le cue-bid à saut dans une couleur adverse est un Splinter, avec fit de 4+ cartes dans l’ouverture et une courte dans la couleur annoncée.

Attention : les réponses du n° 3 après un contre sont peu modifiées, mais l’une d’elles l’est, et peut entraîner une regrettable confusion ! SEF 2018 : un changement de couleur à double saut est une « super-rencontre » avec 10 cartes. SEF 2024 : « le changement de couleur à double saut est un Splinter (4 atouts et singleton ou chicane dans la couleur nommée) ». Donc, signification radicalement différente. Alors, une fois de plus, mettez vous d’accord avec vos partenaires !

Changement important également après intervention à la couleur. Attention, attention ! Il s’agit de la signification de la réponse de 2SA à l’ouverture après intervention. Rien ne change sur ouverture mineure (2SA est naturel, page 14). Sur ouverture majeure, après intervention, dans le SEF 2018, bien mis en exergue en rouge : « L’enchère de 2SA n’est plus un soutien mais une enchère naturelle qui dénie le fit ». Le SEF 2024 dit exactement le contraire (p. 21) ! : « La réponse de 2SA est toujours un soutien montrant 3 atouts [comme dans le silence adverse, 2SA fitté] mais la zone de points est plus large 11-15HLD ». Encore une source d’ennuis sévères…

Les développements sur l’ouverture de 1SA, dans le silence adverse, offrent peu de changements. Cependant, pour ceux qui connaissent bien les enchères, une modification importante, une fois de plus le contraire de ce qui se faisait. Il s’agit des Texas mineurs (cf. «Théorie du singleton ») 2♠/3♣. Il était d’usage (SEF 2018, p. 28), après la transformation du Texas, d’« annoncer une majeure pour indiquer une courte dans l’autre majeure ». SEF 2024 (p. 27) : « le répondant décrit sa courte naturellement (3 courte à et 3♠ courte à ♠) ». Encore de quoi se planter sérieusement ! Par ailleurs, dans le cadre de la convention Rubensohl, les défenses contre le Contre « mineure-majeure » et contre le Landy ont été rajoutées, très faciles (p. 27) et bienvenues.

Il n’y a pas de modification en ce qui concerne les ouvertures de barrage et leurs réponses (chapitre 5).

Le chapitre sur les ouvertures fortes débute avec une précision nouvelle très importante et si souvent oubliée : l’importante de posséder, avec une main très forte à la couleur, au moins 2 levées de défense, c’est-à-dire au moins  15 ou 16 points d’honneurs. N’ouvrez pas vos unicolores très longs de 8 ou 9 levées de jeu de 2♣/ si vous n’avez pas au moins 15 points H (2 levées de défense). Il faut que votre partenaire sache que vous pourrez défendre en cas (fréquent) d’enchères adverses compétitives (expérience personnelle très récente : nous avons gagné 4♠+1 après ouverture adverse de 2 avec 8 cartes à et un seul As, donc bien 9 levées de jeu mais 13H seulement). D’ailleurs, les redemandes à 4/♠ après ouverture de 2♣ qui figuraient dans le SEF 2018 (p. 34) ne figurent plus dans le SEF 2024 (p. 32), car elles ne peuvent comporter 15H au moins. Après ouverture de 2♣ et redemande à 2/♠, le changement de couleur au niveau de 3 ne peut se faire, en 2024, qu’à partir de 7H (au lieu de 5H en 2018).

Encore un changement radical entre 2018 et 2024, dans le chapitre 7 « redemandes de l’ouvreur », en enchères compétitives. Dans le SEF 2018, p. 42, il est spécifié que l’enchère de 3SA de l’ouvreur après un Contre d’appel du n° 2 conserve son sens artificiel de fit de 4 cartes (alors qu’après une intervention à la couleur du n° 2, le sens naturel prévaut) : voir la séquence ci-contre à gauche. Donc, fitté après contre, mais non fitté autrement. Cela demandait un effort de compréhension et de mémoire assez compliqué. Le SEF 2024 simplifie tout ça, en décrétant que 3SA indique dans tous les cas l’envie de jouer ce contrat. Donc, non fitté (voir la séquence de droite). Il s’agit bien ici d’une simplification, mais tout de même à travailler avec son partenaire !…

Les redemandes de l’ouvreur à SA sont peu modifiées dans le silence adverse. Il faut souligner néanmoins l’introduction du « mini-maxi » après ouverture d’1 et la réponse de 2♣. Cette méthode, utilisée depuis fort longtemps, devient « SEF ». Le méthode est décrite dans le « Dictionnaire des enchères », dans la fiche 1-2♣-?. Et par conséquent, la redemande à 3SA est acceptée avec un singleton, dans le cas précis d’une main 4441 avec singleton ♣ et 15 à 17H.

En enchères compétitives, pour les redemandes de l’ouvreur, le SEF 2024 insiste sur la notion, pour l’ouvreur, de redemande libre (lorsque le n°4 a parlé, l’ouvreur est dégagé de l’obligation de répondre) et de redemande forcée. Par exemple, la redemande à 1SA sans intervention du n°4 ne promet en aucun cas un arrêt dans la couleur d’intervention du n° 2 (redemande forcée après une enchère forcing : 1-1-1♠-Passe-?, 1SA ne promet pas l’arrêt ), alors qu’au contraire, après une intervention du n° 4, l’arrêt est garanti (car l’enchère devient libre : 1-Passe-1-1♠-?, 1SA promet cette fois l’arrêt ♠, puisque sans cet arrêt, on aurait le droit de Passer). En revanche, l’enchère de 2SA promet l’arrêt dans tous les cas. L’explication est ici très claire et bienvenue.

Le Cue-bid de l’ouvreur, qui ne change pas, est cette fois bien décrit et beaucoup moins confus, à notre avis, que dans la version 2018. Son emploi ne devrait plus vous poser de problème…

Il reste bien des choses à dire sur ce nouveau SEF, d’autant que nous n’en sommes arrivés qu’au milieu. Ceci fera l’objet d’un autre article, à paraître dans moins d’un mois, espérons le. En attendant, attelez vous déjà, avec votre (ou vos) partenaires, aux différents changements décrits plus haut. Je vous souhaite de pouvoir éviter au maximum les incompréhensions, qui malheureusement sont quelquefois inévitables au bridge. Bon courage à tous !

Olivier CHAILLEY

Actualité du site (janvier 2021)

Une petite bibliothèque de bridge

Une petite bibliothèque de bridge

 

 

Chers amis bridgeurs, chers lecteurs,

Il y a maintenant huit ans que le site « Comprenez le bridge » existe et son succès ne se dément pas. Devenu une véritable « Encyclopédie du Bridge », on y trouve, à peu de choses près, une réponse à toutes les questions que l’on peut se poser sur notre jeu. Il y a toujours aujourd’hui plus de 150 visiteurs quotidiens, avec environ au total 750 pages lues. Un élément essentiel est le dialogue qui s’est instauré entre vous, lecteurs, et l’auteur. Et à ce propos, je rappelle que vous devriez à chaque question préciser votre classement, de façon à ce que la réponse puisse être adaptée à votre niveau de connaissances. La « philosophie » à suivre n’est pas la même selon que l’on a une grosse expérience du jeu ou qu’on soit débutant (et on reste quelquefois débutant assez longtemps…).

Comme toujours, depuis l’apparition du site, les cours, les articles et les réponses au courrier sont en harmonie avec le SEF, Système d’Enseignement Français, même si parfois on y aborde des conventions et/ou des systèmes hors SEF. Ces derniers sont toujours dûment signalés comme ne faisant pas partie du système. Le Bridgeur, devenu BeBRIDGE, et Bridgerama, revues qui restent toujours dans l’esprit de l’Université du Bridge de la Fédération Française de Bridge, inspirent aussi un certain nombre de pages. Les articles relevés dans ces revues ont été soit résumés dans de nouveaux cours, soit parfois intégrés tels quels et alors le lien qui les ouvre est coloré en violet (nouveauté de puis l’année 2019).

LE SEF (SYSTEME D’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS) :

Vous savez qu’en 2018 un nouveau SEF a été édité (12€ aux éditions Le Bridgeur). Les changements par rapport au SEF 2012 sont relativement importants, et ont pu perturber beaucoup d’entre vous. Beaucoup de mises à jour ont été faites dans ce site et continuent d’arriver. Il faut comprendre que la plupart des modifications rencontrées ne concernent que les joueurs de compétition, et ne doivent donc pas vous faire peur. Jouez avec ce que vous connaissez et ne changez rien à vos habitudes si vous n’êtes pas en face d’un partenaire habituel et aguerri. Il s’est agi en 2018 d’une modification profonde de l’esprit du SEF qui était auparavant un socle pour tous, laissant les joueurs de compétition bâtir leur système par dessus. Cette fois,  de nombreuses conventions, inférences et précisions ont été intégrées, pouvant perturber les joueurs débutants.

Si vous vous sentez dépassés par ce nouveau SEF, n’ayez pas peur, il suffit de suivre pas à pas l’enseignement du présent site ! Cela suffira pour que votre bridge soit déjà d’un bon niveau…

LES COURS ET EXERCICES :

Vous trouvez ici 250 cours, dont plus de 110 concernent le jeu de la carte, ainsi qu’une cinquantaine de pages d’exercices de tous niveaux. Je vous rappelle que si un sujet inexistant ou peu développé vous paraît devoir être abordé ou précisé sous forme de cours, vous êtes priés de me le dire. Je m’efforcerai de vous satisfaire.

L’INDEX-DICTIONNAIRE :

L’Index-Dictionnaire n’a pas été beaucoup incrémenté car il est maintenant très complet. Mais faites attention en le consultant, car vous n’y trouverez que rarement indiqué le niveau des cours. Assurez-vous, quand vous ouvrez un cours, qu’il correspond bien à votre niveau. Commencez donc par retrouver sa place dans le menu principal. Bien entendu, ce Dictionnaire reste surtout utile en ce qui concerne les termes techniques du bridge.

LE DICTIONNAIRE DES ENCHERES :

L’élaboration de ce dictionnaire continue, et on y trouve maintenant plusieurs milliers de séquences. La plupart des nouvelles séquences a été rajoutée à la suite de vos questions d’enchères, lorsque la séquence étudiée n’y figurait pas. Vous aurez compris qu’un tel Dictionnaire ne sera jamais terminé… N’oubliez pas que ce dictionnaire n’est pas destiné à apprendre quoi que ce soit, mais seulement à vérifier que les séquences que vous avez produites sont conformes aux canons du SEF. Trop d’entre vous cherchent à utiliser les fiches du dictionnaire comme cours…

LES ARTICLES :

Jusqu’à présent, 57 articles ont été publiés (en moyenne un toutes les sept semaines depuis l’ouverture du site, avec un net ralentissement depuis trois ans), et sont facilement retrouvés dans la colonne de droite, dans les rubriques Articles récents, Catégories ou Archives. Leurs sujets sont également indexés dans l’« Index-Dictionnaire », les liens apparaissant en vert. N’hésitez pas à les relire, car ils reflètent la philosophie du site, et donc, je l’espère, la philosophie du bridge lui-même. Et si un sujet d’ordre général vous paraît digne d’être traité, faites m’en part.

L’AVENIR :

Il y a actuellement plus de 1000 lecteurs abonnés. Cet abonnement ne sert qu’à être informé par mail qu’un nouvel article est arrivé. Mais il est gratuit, et ne présente, je crois, aucun inconvénient. Alors, abonnez-vous, même si les articles sont devenus aujourd’hui rares : il faut bien dire que ce blog tourne maintenant tout seul…

LE BOUTON « FAIRE UN DON » :

Il y a trois ans, devant les frais qu’entraînent ce site gratuit (hébergement, nom de domaine, dépannages…), je vous avais demandé si vous désiriez participer par un don, et vous avez été nombreux à répondre positivement. Je me permets donc à nouveau de faire apparaître à nouveau le bouton Faire un don dans la marge de droite et en première page. C’est le système Paypal qui a été choisi, car c’est le plus commode (pour moi !). Sachez que vous n’êtes en aucun cas obligé de donner quoi que ce soit, et qu’en tout état de cause, la totalité du site est et restera gratuitement accessible à tous. Il s’agit simplement, si vous pensez que vous avez pu progresser dans notre jeu grâce au présent blog, d’un geste de reconnaissance, un peu comme l’on a l’habitude maintenant de rémunérer Wikipedia. Le bouton « Faire un don » restera pendant un petit mois.

Je vous remercie d’avance, et surtout vous adresse mes meilleurs vœux, en ce début d’année, pour votre progression dans notre formidable jeu.

Cordialement et bridgeusement vôtre,

Olivier CHAILLEY

PS : Je vous souhaite, comme je l’ai vu faire bien souvent, une année 2021 « meilleure que 2020 ». Il s’agit là, bien entendu, d’une allusion aux désagréments causés par l’épidémie de Covid-19. Et à ce propos, si vous vous vous reportez à la page d’accueil du présent site, vous trouverez un petit paragraphe annonçant la publication de mon livre « Le virus de la peur« , qui date du mois d’avril, mais qui reste d’actualité. Vous pouvez aussi accéder à un site (gratuit) que j’ai créé et qui s’appelle, dans la même veine que celui-ci : « Comprenez la Covid-19« .

Spoutnik simple, mode d’emploi

Spoutnik, premier satellite artificiel de la Terre, 1957

Le « contre » Spoutnik (en général écrit avec un S majuscule) est un contre conventionnel qui a été inventé en 1957 par Alvin Roth (1914-2007), célèbre joueur américain et l’un des meilleurs du monde. Il l’avait en réalité baptisé « contre négatif » (ce qui signifie « non punitif »), mais les Français l’ont rapidement rebaptisé contre Spoutnik, car cette année là a été lancé le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1. Cette appellation est restée aujourd’hui (negative double en anglais). Tous les bridgeurs, même débutants, connaissent le « Spoutnik », mais que d’erreurs à la table, malgré deux cours sur la question dans le présent site : L’ouvreur après intervention (1) et L’ouvreur après intervention (2) ! C’est pourquoi il est apparu utile et opportun de refaire un peu le point, notamment après la parution de la dernière édition du SEF (Système d’Enseignement Français) en 2018.

Le Contre Spoutnik est abordé pour la première fois, dans la progression des cours de ce site, en 3ème série, dans les enchères compétitives. Cette convention aurait bien sûr dû être placée plus en amont dans les cours, tant elle est indispensable. Mais elle aurait été bien difficile à expliquer à un débutant ou même à un joueur de 4ème série. Et en 3ème série (troisième année de bridge, à peu près), je me suis contenté de parler du Spoutnik simple. Restons-y un moment, car c’est là que commencent les ennuis… Et le Spoutnik généralisé, placé en 2ème série, viendra tout seul ensuite. Nous n’en parlerons pas aujourd’hui. D’abord, qu’est-ce que cette convention Spoutnik ? Nous ne parlerons ici que du Spoutnik du répondant (le n°3). Il s’agit d’un contre dont la signification générale est : « Partenaire, si mon voisin de droite n’avait pas parlé, j’aurais eu une enchère, mais maintenant, je n’ai plus les conditions pour la produire ». La première obligation pour faire un Spoutnik apparaît ici évidente. Il est interdit de préférer le Spoutnik à une enchère naturelle. Ce que l’on appelle le Spoutnik simple est un Contre du n°3 quand l’intervenant a dit 1♠ sur l’ouverture d’1♣ ou 1. Après les interventions à ou (1♣-1 et 1♣/-1), un contre s’appellerait plutôt « contre d’appel du répondant ». Débarrassons-nous d’abord, à ce propos, d’une façon d’annoncer très répandue dans les clubs (et dans d’autres pays), mais qui n’est ni Spoutnik, ni SEF. Il s’agit justement des interventions à ou suivies de contre. Ce contre conventionnel est alerté comme signifiant, sur 1, exactement 4 cartes à . Et sur 1, exactement 4 cartes à ♠. En corollaire, 1 ou 1♠ (au lieu du contre) auraient promis 5 cartes au moins. Cette convention est connue en France sous le nom de « contre Lebel-Soulet ». Non seulement cette convention ne figure pas au SEF, mais les auteurs eux-mêmes l’ont abandonnée depuis longtemps en raison de ses inconvénients [pour les joueurs de compétition que cela intéresse, elle a été remplacée par le cachalot (Spoutnik rotatif) ou la baleine bleue]. En effet, comment annoncer après un début 1♣/ et 1 d’intervention avec ♠R86 932 D843 ♣A109 ? La convention Lebel-Soulet n’a pas de réponse dans cette situation pourtant fréquente. Le SEF annonce donc les couleurs majeures au niveau de 1 (1/♠) à partir de 4 cartes, et le jeu ci-dessus, qui n’a pas d’enchère satisfaisante mais quelques points, s’annonce par un contre (« je n’ai ni 4 ni 4 ♠ »). Mon avis est donc, si vous jouiez jusqu’à présent le Lebel-Soulet, de laisser tomber. Et si vous entendez un contre à la table, demandez surtout ce que cela veut dire au partenaire du contreur (les gens n’alertent souvent pas !) : 4 cartes exactement à /♠ ou bien au contraire « ni 4 ni 4 ♠ ». L’importance d’une réponse précise à cette question ne vous échappera pas.

Revenons au Spoutnik simple, après ouverture d’1♣/ et intervention à 1♠. Voici le texte du SEF 2018 : « Le contre Spoutnik simple s’emploie 1°) avec 4 cartes à exactement et au moins 8HL, sauf main forcing de manche avec une longue dans l’autre mineure dont la nomination est prioritaire ; 2°) 5 cartes à et 8 à 10HL ». Vous voyez donc que pour le SEF, il y a toujours 4 cartes à au moins lorsqu’on contre Spoutnik. Evidemment, il n’y a pas non plus de meilleure enchère : 2 peut s’annoncer à partir de 11HL (avec 8 à 10HL, contre). Et si l’on est bicolore, on applique la règle générale des enchères bicolores : Avec un 5-4 ♣/, par exemple, on annonce 2♣ (sur l’ouverture d’1) à partir de 13HL (voire 12HL), on contre avec 8 à 12HL (contre Spoutnik, car on n’a pas « les moyens » d’un 2 sur 1). En résumé, et c’est ce que je recommande à tous les bridgeurs qui n’ont pas des ambitions de compétition nationale ou internationale, un contre Spoutnik simple signifie TOUJOURS « j’ai du  ». Est-ce bien vraiment ce que vous observez dans votre club ?

Alors, évidemment, que devez-vous faire en tant que n°3 si vous possédez, après ouverture d’1♣ et intervention à 1♠, la main suivante : ♠953 R102 AV53 ♣V42 ? 1SA est impossible, il vous reste donc le choix entre contre et passe. Ici, la seule possibilité est passe, car un contrat à 7 atouts à ne convient pas en raison de votre longueur à ♠. Votre partenaire sera amené à couper de la main longue et, raccourci, aura bien du mal à réussir un contrat ! Ce passe peut se faire jusqu’à 10H, voire même parfois 11 points très laids, si vous n’avez ni 4 cartes à , ni d’arrêt ♠ ! Je sais que c’est très frustrant, mais c’est du meilleur bridge que de prendre un risque inconsidéré. Cette situation est particulièrement fréquente…

Existe-t-il tout de même des situations où un bon joueur (2ème série majeure au moins, les autres, abstenez-vous) peut être amené à prendre des risques ? Comme toujours, c’est en anticipant la suite du jeu qu’on doit prendre ses décisions. Contrer sans 4 cartes à ne peut s’envisager qu’avec des mains de 9-10(11) points possédant une courte à ♠. D’ailleurs, ceci illustre un principe général des enchères du répondant après intervention : prise de risque si l’on est court dans la couleur adverse, pas de folie si l’on est long (M. Bessis). Voici une main où le risque d’un contre Spoutnik pourrait être pris presque allègrement, après ouverture d’1♣ (et intervention à 1♠) : ♠8 A105 RV1064 ♣V942 → contre. Il faudra déjà tendre davantage le dos avec : ♠93 R87 AD643 ♣1052, mais les plus téméraires pourront parfois se lancer (vert contre rouge ?). Normalement, l’ouvreur ne sera pas déçu quand vous étalerez ce mort court à ♠, permettant bien entendu de couper de la main courte…

Abordons maintenant le cas où vous, le répondant, avez 5 cartes à . Supposons que vous ayez ♠95 RV965 A104 ♣953. Ouverture : 1, intervention à 1♠. Vous contrez (enchère Spoutnik parfaitement normale), et le n°4 soutient son partenaire à 2♠. Passe de l’ouvreur, passe de l’intervenant, et la parole vous revient. Que faire ? Dire 3 serait bien téméraire. Pourtant, votre partenaire pourrait parfaitement détenir ♠763 A104 RD762 ♣A4, main qui procure sans problème neuf levées, et même parfois dix, avec beaucoup de chance. Sans convention particulière, ce cas est inextricable. Mais certains ont imaginé, pour les fans de conventions, une façon assez pratique de décrire ce genre de situation. Il s’agit de la convention Rodrigue. Ceux qui me connaissent savent que je l’aime bien (en réalité, aujourd’hui, très peu de joueurs l’emploient vraiment). Elle est surtout utile en match par paires, où l’on privilégie les majeures plus souvent qu’en match par quatre. Il s’agit de convenir que l’annonce d’un fit dans la couleur d’ouverture (1♣/) à 2♣/ montre en réalité 5 cartes à avec une main insuffisante pour dire 2. Evidemment, il faut avoir de quoi faire un Spoutnik, donc posséder au moins 8HL (6H et 6 cartes à , ou 7H et 5 cartes à ). L’inconvénient est que vous ne pouvez plus annoncer un fit mineur éventuel (attention aux confusions !). L’avantage est que le Spoutnik simple indique maintenant exactement 4 cartes à , puisque vous auriez dit 2♣/ si vous aviez eu avec 5 ou 6 cartes à . L’ouvreur sait maintenant exactement où il va (à , mais pas à ♣/ !).

Et maintenant que vous avez contré Spoutnik, que doit faire l’ouvreur. Le principe général est très simple. Il sait que vous avez du avec 8HL au minimum (et non 6HL comme en l’absence d’intervention). Il a le fit ou il ne l’a pas. Si l’ouvreur a le fit, il fait comme en l’absence d’intervention adverse, mais un peu atténué (1 ou même parfois 2 points de moins). Pourquoi atténué ? Pour deux raisons : 1°) vous avez 8HL minimum et non 6HL ; 2°) nous sommes, après l’intervention du n°2, en enchères compétitives. Il faudra si l’on peut, comme toujours en enchères compétitives, différencier les mains régulières des mains irrégulières. Voici des exemples : avec ♠D62 AV84 R6 ♣RV43 (15HLD), l’ouvreur soutient simplement à 2. (manche lointaine si le contreur Spoutnik est minimum). Mais avec ♠5 A1062 R104 ♣AD973 (16HLD), il peut dire 3 (il serait resté à 2 sans intervention). Et maintenant, avec ♠V104 AD75 ARV106 ♣5, il saute à 4 (avec ses 18HLD, il serait resté à 3 en l’absence d’intervention). De même, les Splinters (3♠ à saut) sont atténués en force, par exemple : ♠5 A1084 AV2 ♣AR1096 (19HLD) → 3♠. J’en profite pour faire un rappel, mais vous connaissez bien cette restriction : en enchères compétitives, les Splinters n’existent (sauf cas très particuliers) que dans la couleur adverse. Avec des mains fortes (19+HLD), il faut avoir recours à un cue-bid préalable : ♠V9 AD72 AR6 ♣AV53, que l’on fera suivre de 4 avec une main régulière, d’une autre enchère (un nouveau cue-bid, un Splinter ou 3), avec un jeu irrégulier fort. Exemple : ♠AR2 R1062 3 ♣ARD82 (22HLD) → 2♠, et sur la redemande à 3♣ de votre partenaire, 3 qui devient forcing et chelemisant après le cue-bid.

Enfin, que peut faire l’ouvreur quand il n’a pas le fit ? Il a quatre possibilités : faire une enchère à SA, répéter sa couleur, annoncer une nouvelle couleur (bicolore), faire un cue-bid. Remarquez tout de suite, donc, que le cue-bid que nous avons décrit au paragraphe précédent n’implique pas le fit dans un premier temps. Il indique seulement un jeu fort sans meilleure enchère. Commençons par les enchères à SA. Attention : 1SA ne promet pas l’arrêt ♠ ! En effet, que dire avec ♠1054 A103 RV75 ♣AV6 ? Si le répondant veut jouer 3SA, il faudra donc qu’il vérifie cette tenue (par un cue-bid). Il y aura, en cas de malheur (pas d’arrêt ♠) toujours la possibilité de jouer une manche mineure ou 4 à 7 atouts. Evidemment, si l’ouvreur avait une mineure 5ème au départ, il sera toujours meilleur de la répéter que de se réfugier à SA sans l’arrêt ♠. Les enchères à saut de 2SA (15-17H, non forcing) ou 3SA montrent en revanche un solide arrêt ♠. 3SA directs, classiquement, nient 3 cartes à , car en effet le contreur Spoutnik pourrait avoir 5 cartes à . 2SA montre une main automatiquement irrégulière (puisque non ouverte de 1SA avec 15-17H), avec presque toujours, par conséquent, une courte à (singleton). Exemple : ♠RV105 5 AD4 ♣AD964 → 2SA. Attention : le répondant, s’il entend 2SA, doit donc y réfléchir à deux fois avant de conclure à 3SA…Vous voyez que le bridge n’est pas une affaire simple !

Les autres possibilités, pour l’ouvreur sont de répéter sa couleur (c’est facile), nommer une nouvelle couleur, ou faire un cue-bid. Voyons les deux dernières possibilités rapidement. La nouvelle couleur indique une nouvelle couleur, mais attention ! Si 1 suivi de 2♣ est un bicolore économique non forcing, 1♣ suivi de 2 reste un bicolore cher. Il peut être un peu atténué (compétitives) mais il reste forcing. Alors, avec ♠V52 9 DV64 ♣ARV64, vous ne pouvez pas annoncer vos , il faudra vous contenter de 2♣. Il reste maintenant le cue-bid, qui comme souvent, indique une main forte sans enchère naturelle. Ce sera notamment le cas quand l’ouvreur aura besoin d’un arrêt à ♠. Exemples : ♠962 A5 ARD106 ♣AV9, ou bien ♠8 AV4 AD3 ♣ARV642. Dans ces deux cas, après le contre Spoutnik, le jeu est trop fort pour la redemande possible, il faut passer par un cue-bid à 2♠. Un seul grand principe simple pourra éviter les mésententes entre partenaires : après un contre Spoutnik et une redemande banale de l’ouvreur, seul le cue-bid du répondant est forcing (M. Bessis). La conséquence directe est que les autres enchères du répondant sont au mieux propositionnelles.

Mais malheureusement, les choses ne sont pas toujours aussi « simples » ! L’adversaire (le n°4) ne va pas toujours vous laisser vous exprimer librement, il va notamment souvent soutenir son partenaire en disant 2♠ (ou 3♠). Et là, l’ouvreur devra se montrer courageux. Lorsqu’il a le fit (4 cartes à ), le principe général est qu’il pourra décaler ses enchères d’une zone (d’une seulement !). Avec ♠104 AD72 RD85 ♣D103, si le n°4 soutient à 2♠, → 3, à la guerre comme à la guerre. Mais tout de même, avec ♠DV2 R764 RV2 ♣R54, mieux vaut passer ; sans As, avec des points perdus à ♠, il ne faut pas abuser… Et si l’adversaire est un peu haut, parce qu’il a répondu 3♠ sur l’intervention du n°2, l’ouvreur ne pourra jamais dire 4 sans un très beau jeu. Même avec ♠95 AV62 RD876 ♣R4, il ne peut que passer (il aurait dit 3 sur 2♠). Petite remarque : avec un très gros jeu, sur 2♠ de soutien du n°4, l’ouvreur peut cue-bidder à 3♠. Et bien sûr, après soutien adverse, ce cue-bid promet le fit, alors que ce n’était pas le cas dans le silence du n°4.

Bien entendu, l’ouvreur, après le soutien du n°4 à 2♠, n’a pas toujours le fit , loin de là. Avec une bonne distribution (bicolore mineur ou bel unicolore), il l’annonce au niveau de 3, et ceci ne promet en aucun cas un gros jeu. Et, avec une main plus forte, irrégulière de 15 à 17 points, ou régulière de 18-19 points (en général, donc, avec au moins 18HL), l’ouvreur recontre, passant comme message à son partenaire : « J’ai un beau jeu qu’aucune enchère naturelle ne peut bien décrire ». Avec ♠10 R104 AV54 ♣AR1062, après ouverture d’1♣, et soutien du n°4 à ♠ après le contre Spoutnik de votre partenaire, il vaut mieux dire contre que 3. Et avec ♠V54 6 AR7 ♣ARV642, le recontre s’impose, car vous avez beaucoup trop de jeu pour vous contenter de 3♣.

Et enfin, il nous reste à voir le réveil du n°3, contreur Spoutnik, si après le soutien du n°4 à 2♠, l’ouvreur et l’intervenant passent tous deux. Quelquefois en match par quatre, mais souvent en match par paires, on ne veut pas laisser l’adversaire jouer 2♠ (et prendre un top en raison du fameux 110 !), il faut donc choisir avec soin son réveil. Les réveils naturels sont évidemment purement compétitifs et non forcing. Avec ♠V5 DV84 A1073 ♣D103, si votre partenaire a ouvert d’1, après votre contre sur 1♠ et le passe de l’ouvreur sur le 2♠ du n°4, vous devez évidemment maintenant dire 3. De même, même après l’ouverture de 1 et la même séquence adverse, réveillez à 3♣ avec ♠9 10873 A5 ♣RV10874. Votre partenaire choisira entre passe, 3, ou 3. Le cue-bid en réveil indique un jeu fort, il est forcing de manche, et demande dans un premier temps l’arrêt ♠. Et le contre est employé avec une main forte, ou un jeu moyen sans enchère naturelle évidente. Après la même séquence, vous êtes en réveil après l’enchère de 2♠ à votre gauche avec ♠85 A1073 R62 ♣R1084 → contre à nouveau ! Vous n’allez tout de même pas laisser jouer 2♠ !

Vous avez pu vous apercevoir, tout au long de ces lignes, qu’une convention élémentaire comme l’est le Spoutnik simple résume tous les problèmes qui se posent au bridge en compétitives : modification des fourchettes de points, réponses plus agressives, utilisation du cue-bid, anticipation des enchères à venir, etc. Bien entendu, toutes les situations n’ont pu être évoquées, par exemple une enchère émanant du n°4 qui serait non pas un soutien de son partenaire l’intervenant, mais un surcontre, un cue-bid ou un changement de couleur. Il faudra dans ces cas faire preuve d’imagination et surtout appliquer la règle constante du bridge : réfléchir, réfléchir et réfléchir. Et pour ceux qui voudraient rester dans le bain du Spoutnik, il reste à voir le Spoutnik généralisé. Un cours de 2ème série est à votre disposition pour vous familiariser avec cette notion. Mais alors, accrochez-vous, car il va falloir sauter en parachute !

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Cherchez la femme !

Gaston Leroux (1868-1927)
Le Parfum de la Dame en noir

Une donne d’Alain Lévy, publiée en 2012 dans le Bridgeur, dans un article intitulé La dame en noir, nous plongera directement dans le vif du sujet. Vous êtes assis en Ouest (Nord donneur, N-S vulnérable). Après les enchères suivantes, vous entamez de l’As de ♠, et le mort s’étale. Sur votre As de ♠, Est fournit le 9 et Sud le 5. Avant de vous précipiter sur la deuxième levée, analysez donc la première : que signifie donc ce 9 de ♠ ? Comme vous le savez, en fidèles lecteurs de ce site, lorsqu’il y a deux cartes au mort, la signalisation de votre partenaire est une parité. Il a donc deux ou quatre cartes à ♠, très certainement quatre. Vous savez par ailleurs qu’il ne peut guère avoir plus de deux points. Vous avez trois levées certaines, ♠AR et A. Il faudrait y ajouter le Roi de ♣ avant que les perdantes du déclarant ne disparaissent sur les ♦ du mort. Donc, si l’on veut faire chuter, il faut que votre partenaire ait une Dame, si possible à ♣. Avec la ♣D, jouer petit ♣ affranchirait immédiatement votre ♣R. Malheureusement, Est avait bien une Dame mais c’était la ♠D. Comment auriez-vous pu le savoir ? La clé du coup est dans l’analyse du ♠9. Quand on possède quatre cartes dans une couleur, la parité oblige à fournir la deuxième plus haute si vous n’avez pas d’honneur (et la troisième si vous avez un honneur). Dans le cas présent, Est a donc forcément une carte au-dessus du ♠9, et donc forcément la ♠D.

aucun malUne donne d’Alain Lévy, publiée en 2012 dans le Bridgeur, dans un article intitulé La dame en noir, nous plongera directement dans le vif du sujet. Vous êtes assis en Ouest (Nord donneur, N-S vulnérable). Après les enchères suivantes, vous entamez de l’As de ♠, et le mort s’étale. Sur votre As de ♠, Est fournit le 9 et Sud le 5. Avant de vous précipiter sur la deuxième levée, analysez donc la première : que signifie donc ce 9 de ♠ ? Comme vous le savez, en fidèles lecteurs de ce site, lorsqu’il y a deux cartes au mort, la signalisation de votre partenaire est une parité. Il a donc deux ou quatre cartes à ♠, très certainement quatre. Vous savez par ailleurs qu’il ne peut guère avoir plus de deux points. Vous avez trois levées certaines, ♠AR et A. Il faudrait y ajouter le Roi de ♣ avant que les perdantes du déclarant ne disparaissent sur les du mort. Donc, si l’on veut faire chuter, il faut que votre partenaire ait une Dame, si possible à ♣. Avec la ♣D, jouer petit ♣ affranchirait immédiatement votre ♣R. Malheureusement, Est avait bien une Dame mais c’était la ♠D. Comment auriez-vous pu le savoir ? La clé du coup est dans l’analyse du ♠9. Quand on possède quatre cartes dans une couleur, la parité oblige à fournir la deuxième plus haute. Dans le cas présent, Est a donc forcément une carte au-dessus du ♠9, et donc forcément la ♠D. Il fallait jouer petit ♠ à la deuxième levée, Est n’ayant aucun mal à trouver le retour ♣.
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Actualité du site (décembre 2019)

Paul Gauguin (1848-1903) : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? (1898)

 

Chers amis bridgeurs, chers lecteurs,

Il est temps, après près de sept ans d’existence, de faire le point sur le fonctionnement de votre site préféré. Celui-ci est de plus en plus complet, devenant une véritable « Encyclopédie du Bridge ». On peut en effet y trouver réponse à peu de choses près à toutes les questions que l’on peut se poser sur notre jeu. Sa vitesse de croisière n’a que peu bougé lors de la dernière année, le nombre de visiteurs quotidien restant autour de 250, avec un peu plus de 1000 pages lues par jour. On peut donc dire que le succès ne se dément pas, et c’est bien sûr une importante incitation à continuer ce travail, et notamment de continuer à répondre le plus rapidement possible (souvent moins de 3 jours) à vos questions. Il est bien entendu que le dialogue avec vous, lecteurs, est une des raisons d’être primordiales de « Comprenez le Bridge ».

Rappel : lorsque vous m’écrivez, précisez-moi votre niveau, de façon à ce que je puisse adapter ma réponse. Cette demande réapparaît à chaque « Actualité du site », car de nombreux lecteurs ne le font pas… La « philosophie » à suivre n’est pas la même selon que l’on a une grosse expérience du jeu ou qu’on soit débutant (et on reste quelquefois débutant assez longtemps…).

Je vous rappelle aussi que le style des réponses que je m’efforce de vous apporter cherche à rester en harmonie avec le SEF, Système d’Enseignement Français. On peut trouver dans le site une brève description de nombreux autres systèmes ou gadgets, notamment dans l’« Index-Dictionnaire », mais il est bien précisé que ces sujets ne sont pas et ne seront pas repris dans les cours, ne faisant pas partie du SEF. La lecture du Bridgeur, et de Bridgerama, revues qui restent toujours dans l’esprit de l’Université du Bridge de la Fédération Française de Bridge, inspire aussi un certain nombre de pages. Les articles relevés dans ces revues ont été soit résumés dans de nouveaux cours, soit parfois intégrés tels quels et alors le lien qui les ouvre est coloré en violet (nouveauté).

LE SEF (SYSTEME D’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS) :

Comme dans toute discipline, des progrès importants émaillent l’évolution de notre jeu. De nouvelles conventions apparaissent, d’anciennes évoluent, d’autres deviennent obsolètes, car elles n’ont pas fait, par exemple, montre d’une véritable utilité. Je vous rappelle qu’en 2018 un nouveau SEF a été édité (12€ aux éditions Le Bridgeur). Les changements sont relativement importants et les mises à jour du site concernant cette évolution sont forcément lentes à venir. Ceci dit, un lourd travail a déjà été réalisé dans ce sens.

Nous avons déjà insisté sur le fait que vous ne devez rien changer à vos habitudes sans avoir bien compris toutes les inférences et surtout sans que votre partenaire soit bien au courant ! Dans la négative, tenez-vous en à ce que vous avez appris jusqu’à présent, avec l’avant-dernière édition du SEF, qui date de 2012. Si vous n’êtes pas des compétiteurs acharnés, assimilez les nouveautés à votre rythme, sans tout chambouler. Les bases que vous avez apprises resteront efficaces dans l’immense majorité des cas.

LES COURS ET EXERCICES :

Rappel : Les cours sont au nombre de près de 250, dont plus de 130 pour les enchères, et plus de 110 pour le jeu de la carte. Il faut y rajouter près de 50 pages d’exercices de tous niveaux. Je pense qu’aujourd’hui, les cours pour débutants, 4ème et 3ème série sont en nombre suffisant pour une progression satisfaisante. Rappel encore : Si un sujet inexistant ou peu développé vous paraît devoir être abordé ou précisé sous forme de cours, dites-le moi. Je tâcherai de vous satisfaire.

L’INDEX-DICTIONNAIRE :

L’Index-Dictionnaire, maintenant terminé (rappel : il est cité dans Wikipédia en deuxième position derrière celui de Georges Versini (1968), dont il s’est d’ailleurs fortement inspiré), subit toutefois de temps en temps des remaniements, pour intégrer de nouvelles conventions, par exemple. Ce dictionnaire est aussi un index des cours et devrait permettre de les retrouver facilement. Mais attention : le niveau des cours n’est que rarement indiqué dans l’Index-Dictionnaire. Assurez-vous, avant de l’apprendre, qu’il correspond à votre niveau, et que vos connaissances préalables permettent de l’assimiler : pour cela, retrouvez sa place dans le menu principal. Bien entendu, ce Dictionnaire reste surtout utile en ce qui concerne les termes techniques du bridge.

LE DICTIONNAIRE DES ENCHERES :

L’élaboration de ce dictionnaire continue, et le nombre d’entrées a nettement augmenté depuis la dernière « Actualité du site ». On y trouve plusieurs milliers de séquences. La plupart des nouvelles séquences a été rajoutée à la suite de vos questions d’enchères, lorsque la séquence étudiée n’y figurait pas. Mais évidemment, un tel Dictionnaire ne sera jamais terminé… Le SEF reste bien entendu l’ouvrage de base, ainsi qu’assez souvent les articles du Bridgeur. Les dictionnaires des enchères de Philippe Brunel et Catherine Sarian (silence adverse, 2001), ainsi que de Hervé Pacault et Philippe Brunel (enchères après intervention, 2004) restent mes ouvrages de référence, même si quelques séquences se sont beaucoup modifiées (évolution du SEF !) depuis leur publication.

LES ARTICLES :

Jusqu’à présent, 55 articles ont été publiés (en moyenne un toutes les sept semaines depuis l’ouverture du site, avec un net ralentissement depuis trois ans), et sont facilement retrouvés dans la colonne de droite, dans les rubriques Articles récents, Catégories ou Archives. Leurs sujets sont également indexés dans l’« Index-Dictionnaire », les liens apparaissent en vert. N’hésitez pas à les relire, car ils reflètent la philosophie du site, et donc, je l’espère, la philosophie du bridge lui-même. Et si un sujet d’ordre général vous paraît digne d’être traité, faites m’en part.

L’AVENIR :

Il y a actuellement plus de 900 lecteurs abonnés. Cet abonnement ne sert qu’à être informé par mail qu’un nouvel article est arrivé. Mais il est gratuit, et ne présente, je crois, aucun inconvénient. Alors, abonnez-vous, même si les articles sont devenus aujourd’hui rares : il faut bien dire que ce blog tourne maintenant tout seul…

LE BOUTON « FAIRE UN DON » :

Il y a deux ans, ayant eu d’importantes pannes d’informatique qui avaient fini par être coûteuses, je vous avais demandé si vous vouliez bien participer au frais, et vous avez nombreux à répondre positivement. Et comme l’année dernière, de nouvelles échéances arrivent (notamment l’hébergement du blog), et, pour les mêmes raisons, je remets le bouton Faire un don dans la marge de droite et en première page, en faisant appel à votre participation. C’est le système Paypal qui a été choisi, car c’est le plus commode (pour moi !). Sachez que vous n’êtes en aucun cas obligé de donner quoi que ce soit, et qu’en tout état de cause, la totalité du site est et restera gratuitement accessible à tous. Il s’agit simplement, si vous pensez que vous avez pu progresser dans notre jeu grâce au présent blog, d’un geste de reconnaissance, un peu comme l’on a l’habitude maintenant de rémunérer Wikipedia. Le bouton « Faire un don » restera pendant un petit mois.

Je vous remercie d’avance, et surtout vous adresse mes meilleurs vœux, en cette fin d’année, pour votre progression dans notre formidable jeu.

Cordialement et bridgeusement vôtre,

Olivier CHAILLEY

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Le SEF 2018

La Bible expliquée par la peinture,                                  Gérard Denizeau, Larousse, 2015

La plupart d’entre vous a dû faire l’acquisition du SEF (Système d’Enseignement Français) 2018, notre nouvelle bible du bridge. Il nous est présenté comme modernisé et plus complet que l’édition précédente de 2012, et, de fait, il s’est très nettement étoffé. La présentation elle-même a été entièrement repensée, et il apparaît donc en réalité comme un outil nouveau, dont l’esprit même est en rupture avec l’édition précédente.

La seule notion absolument constante, concernant le SEF depuis ses débuts en 1983, et qui est dûment rappelée dans sa préface, est qu’il ne doit pas être considéré comme un ouvrage permettant d’apprendre le bridge. Cette vérité, qui vous est rappelée tout au long du présent site, est encore plus vraie avec la dernière version. Le SEF est un ouvrage qui relève à la fois du « Dictionnaire » et du livre de « référence ». Il ne doit servir que rétrospectivement, lorsqu’un problème s’est présenté à la table, ou en cours de travail du bridge, pour vérifier le bien fondé d’une affirmation ou pour répondre à une question ponctuelle.

Pourquoi insister, particulièrement depuis cette dernière version, sur cette façon de penser le SEF ? Parce que si les premières versions, jusqu’à 2012, pouvaient servir à tous les joueurs, même débutants, la version 2018, selon les dires mêmes de ses concepteurs, est un référentiel de connaissances communes qui s’étend de la 4ème série majeure à la 2ème série majeure. De très nombreuses notions abordées ne peuvent l’être que si vous êtes en 2ème série, ou même en train de concourir pour arriver en 1ère série. Or, les connaissances nécessaires pour s’asseoir honorablement à une table sont en fait très peu nombreuses, finalement très simples et, surtout, doivent être solidement ancrées dans un socle que vos professeurs s’emploient à construire dans votre esprit. Ce n’est qu’à partir de ces notions de bases incontournables que vous pouvez ensuite construire, petit à petit, votre système, qui sera bien entendu in fine le SEF. Bref, vous l’aurez compris, le SEF 2018 a perdu de sa simplicité, car il a voulu « faire une synthèse factuelle des techniques de bridge résultant de la consultation des meilleurs enseignants français ».

Alors, le SEF 2018 contient-t-il vraiment beaucoup de nouveautés par rapport à ses version antérieures ? En vérité, on y trouve plusieurs sortes de modifications : 1°) les simples « nuances », mais qui sont parfois difficiles à gérer ; 2°) les changements vrais, qui touchent des notions anciennes qu’il faut donc réviser ; 3°) l’application de nouvelles conventions, jouées par beaucoup de joueurs depuis longtemps, mais qui n’avaient pas encore été intégrées. Voici un certain nombre d’exemples (la liste est loin d’être exhaustive) :

1°) Les « nuances » : une notion importante a été abordée, qui était à peine mentionnée précédemment, celle de main semi-régulière, qui comporte exactement 2 doubletons (5-4-2-2 ou 6-3-2-2). Et le SEF 2018 rajoute la possibilité d’ouvrir d’1SA avec ce type de main lorsque l’on possède 15 ou 16H (attention : pas 17). La raison est que la redemande peut être « délicate » si on l’ouvre normalement. C’est vrai si vous êtes déjà familiers avec la notion d’anticipation. Sinon, je vous recommande absolument d’abandonner la possibilité d’ouvrir des mains semi-régulières d’1SA, si vous n’êtes pas en 2ème série majeure ! Ce sera beaucoup plus simple, pour vous, de continuer à traiter les mains 5-4-2-2 comme des bicolores, et les mains 6-3-2-2 comme des unicolores. C’est ce que vos professeurs vous enseignent, tenez-vous y !

2°) Les « changements vrais » : ils sont peu nombreux mais peuvent être importants, car ils peuvent entraîner des « pataquès ». Premier exemple : en 2012, l’intervention par Contre sur l’ouverture d’1SA était punitive (main régulière à partir de 18-19HL ou bien 7 levées visibles dans la main du contreur). En 2018, ce Contre devient une convention « mineure-majeure » (une mineure 5ème au moins, une majeure 4ème). Autre exemple : après une intervention à 1SA, l’enchère de 2SA du répondant n°3, qui était un cue-bid forcing (sans enchère naturelle et sans main de « contre »), devient un « Truscott », c’est-à-dire une main fittée avec 5 atouts en mineure et 4 atouts en majeure, avec 11+HLD. Troisième exemple, de simplification cette fois : les enchères de réponse à l’ouverture de 1SA avec un bicolore majeur : sans espoir de manche, Texas ♠ puis passe ; avec une main de manche, 4 ; avec un espoir de chelem, Texas ♠ (2) puis 3.

3°) Les « introductions » : il y en a un certain nombre, et ce sont en général des conventions jouées depuis longtemps par les champions, mais qui n’avaient pas été encore intégrées dans le SEF : la défense contre les Michaël précisés (SEF 2018, p. 23), la « convention 2012 » après Stayman et réponse de 2/♠ (l’annonce de l’autre majeure au niveau de 3 par le répondant indique un fit et une ambition de chelem, SEF 2018, p. 26), le Texas « modulé » (rectificaton fittée) sur l’ouverture de 2SA (SEF 2018, p. 38), le « Rubensohl », l’« auto fragment-bid », le « super-forcing » (bicolore cher à saut), etc., etc.

Une des conséquences immédiates de la publication de ce nouveau SEF est que le présent site devient en partie obsolète, et qu’il faudra du temps (et du travail), pour le mettre entièrement à jour. De nombreuses pages ont déjà été « modernisées » mais beaucoup reste à faire. Il arrive souvent que vous, lecteurs fidèles, me signaliez tel ou tel changement à apporter, et je vous suis évidemment reconnaissant d’attirer mon attention sur ces points. Cependant, vous devez garder à l’esprit ce qui est la base de tout progrès dans notre jeu : ne mettez pas la charrue avant les bœufs ! N’essayez pas à tout prix d’apprendre la totalité du SEF, car c’est absolument impossible ! Continuez à apprendre petit à petit, leçon après leçon, et « débrouillez-vous » à la table avec vos connaissances, et surtout ce que vous avez compris (et non appris, comme le titre du site le suggère). Après les cours débutants, et en arrivant vers le milieu des cours de 1ère année (ou de 4ème série), vous devez avoir déjà un peu compris l’esprit qui sous-tend les enchères. Tout le reste n’est que du perfectionnement !

Un point important, qui risque de poser de gros problèmes pour tous ceux qui jouent en tournoi de régularité avec des partenaires différents. Il faudra vous assurer, avant les tournois, que telle ou telle nouveauté du SEF est connue de votre partenaire. Sinon, contentez-vous du SEF 2012, ou tout simplement de ce que vous avez appris comme socle des enchères. Très peu de conventions sont indispensables. Voici un rappel des principales d’entre elles. Pour les débutants, 4ème série et 3ème série mineures : Majeure 5ème, meilleure mineure (très important), 1SA 15-17, 2SA 20-21, Stayman, Texas, Misère dorée, Roudi, Contre d’appel, Contre Spoutnik simple, Surcontre, Blackwood 5 clés (30-41). Pour les 3ème série majeures : Chassé-croisé, Sous-Texas, Splinters, Contre Spoutnik généralisé, certains cue-bids simples, quatrième couleur forcing. Pour les 2ème série mineures : Convention 2012, Drury, Landy, Truscott, Michaël cue-bids, Rubensohl. Pour les 2ème série majeures et 1ère série mineures : 3ème couleur forcing, Mini-cue-bid, Contre Lightner. Bien d’autres conventions et variantes existent, mais elles sont du domaine des champions. N’écoutez surtout pas ceux qui vous les proposeraient à la table, sauf si vous êtes en 1ère série, bien entendu !

Pour compléter ces réflexions sur le SEF 2018, je me dois de vous signaler quelques outils qui pourraient vous être très utiles (en dehors du présent site !) :

1°) Les Cahiers de l’Université du Bridge (CUB#1, CUB#2, CUB#3, CUB#4 et CUB#5, tomes parus), qui sont en cours de publication et qui complètent et explicitent de façon remarquable le SEF. La présentation est très agréable, et les auteurs sont des champions et des pédagogues prestigieux : Philippe Cronier, Vincent Combeau, Michel Bessis, Norbert Lébely, Jean-Paul Balian, et les autres…

2°) Je vous recommande également un site très pédagogique, Vu-Bridge, qui, contrairement à « Comprenez le Bridge », vous permet de jouer sur l’écran en donnes préparées et commentées carte à carte par de grands experts. On ne peut jouer que dans un ordre logique et chaque erreur est expliquée. Un résumé de ce qu’il fallait faire est présenté après chaque donne. Il s’agit donc d’un excellent entraînement pour tous ceux qui veulent réellement progresser, un peu sur le mode du Pas à pas, méthode bien connue de Robert Berthe et Norbert Lébely. Trois niveaux existent en français (le logiciel était primitivement américain, donc en anglais) : débutant, intermédiaire, avancé. Un petit inconvénient, il est payant (pas très cher…). Ceci dit, vous pouvez y trouver trois donnes par semaine gratuites, à titre de test, avant de vous lancer à acheter des paquets de donnes. Un autre petit problème peut parfois survenir au cours des enchères, car elles ont été faites sur le modèle américain, en fait très proche du SEF. L’adaptation française tient compte de cet inconvénient et doit en principe avoir tout corrigé. Un certain nombre de commentaires renvoient d’ailleurs au présent site, où vous pourrez donc retrouver vos cours favoris !

Chers amis bridgeurs, ce SEF « étoffé » l’a été, comme le soulignent les auteurs, « afin que les joueurs qui le consultent comme une référence puissent disposer plus souvent des réponses aux questions qu’ils se posent ». Il sert donc à tous les joueurs, quel que soit leur niveau, dès qu’ils veulent se mettre d’accord sur une méthode à jouer lors de leurs tournois. Les élèves, eux, doivent continuer à apprendre à leur rythme, pour bien assimiler et comprendre ce qui se passe autour d’une table. Une seule référence pour eux : ce que leur enseigne leur professeur. Je vous souhaite une excellent progression.

Olivier CHAILLEY

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Actualité du site (décembre 2018)

Chers amis bridgeurs et lecteurs,


Vincent Van Gogh (1853-1890)
Le repos des moissonneurs (1890)

Vous vous êtes sans doute aperçus que depuis quelques mois, les nouveaux cours se font plus rares, ainsi que les nouvelles rubriques des différents dictionnaires. C’est qu’aujourd’hui, le site est très complet, et nécessite surtout des mises à jour. Il va avoir 6 ans et atteint manifestement sa vitesse de croisière : environ 1000 pages continuent à être lues chaque jour, ce qui correspond à environ 200 visiteurs quotidiens, qui parcourent en moyenne 5 pages chacun. Ce succès est pour moi une grande satisfaction. Mais si la densité de mon travail a diminué, je n’en reste pas moins vigilant à répondre le mieux possible à vos questions, le dialogue avec les lecteurs restant primordial.

LES QUESTIONS QUE VOUS M’ADRESSEZ :

Le site étant maintenant assez complet, vous devez pouvoir y trouver la réponse à la majorité de vos questions, notamment en ce qui concerne les enchères. Il est vrai qu’il faut se familiariser avec l’ordre des cours, les Dictionnaires et les différents moyens de trouver le sujet demandé (contrôle-F). Rappel : ce site défend le SEF, et les réponses sont donc toujours orientées dans le sens du SEF (Système d’Enseignement Français et développements). Il est inspiré également de la lecture du Bridgeur, et de Bridgerama, revues qui restent toujours dans l’esprit de l’Université du Bridge de la Fédération Française de Bridge.

Rappel : lorsque vous m’écrivez, précisez-moi votre niveau, de façon à ce que je puisse adapter ma réponse. Cette demande réapparaît à chaque « Actualité du site », car de nombreux lecteurs ne le font pas… La « philosophie » à suivre n’est pas la même selon que l’on a une grosse expérience du jeu ou qu’on soit débutant (et on reste quelquefois débutant assez longtemps…).

LE SEF (SYSTEME D’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS) :

Comme dans toute discipline, des progrès importants émaillent l’évolution de notre jeu. De nouvelles conventions apparaissent, d’anciennes évoluent, d’autres deviennent obsolètes, car elles n’ont pas fait, par exemple, montre d’une véritable utilité. Tout ceci est résumé dans les éditions successives du SEF, et le nouveau SEF vient d’être édité (10€ aux éditions Le Bridgeur). Les inférences de ces évolutions seront nombreuses et entraîneront certainement des modifications sérieuses à apporter au site. Cela ne pourra être fait que très lentement, après une réflexion préalable sur le choix des pages à remanier.

Ceci dit, avant de vous précipiter sur les nouveautés, assurez-vous que vous aurez bien compris toutes les inférences et surtout que votre partenaire est bien au courant ! En attendant, je ne saurais trop vous recommander de vous en tenir à ce que vous avez appris jusqu’à présent, avec la dernière édition du SEF, qui date de 2012. La base du système ne change pas, et je vous recommande de ne surtout rien modifier à vos habitudes avant d’être en 1ère série et en face d’un partenaire attitré. Sinon, ce qui est déjà une patiente construction actuellement risque de présenter d’importantes fissures et de vous entraîner à l’écroulement de plusieurs pans dans l’édifice !

LES COURS ET EXERCICES :

Rappel : Les cours sont au nombre de près de 240, dont plus de 120 pour les enchères, et plus de 110 pour le jeu de la carte. Il faut y rajouter près de 50 pages d’exercices de tous niveaux. Je pense qu’aujourd’hui, les cours pour débutants, 4ème et 3ème  séries ont en nombre suffisant pour une progression satisfaisante. Rappel encore : Si un sujet inexistant ou peu développé vous paraît devoir être abordé ou précisé sous forme de cours, dites-le moi. Je tâcherai de vous satisfaire.

L’INDEX-DICTIONNAIRE :

L’Index-Dictionnaire est maintenant terminé (rappel : il est cité dans Wikipédia en deuxième position derrière celui de Georges Versini (1968), dont il s’est d’ailleurs fortement inspiré). Peu de choses y seront ajoutées. Je vous rappelle que ce dictionnaire est aussi un index des cours. Mais attention : le niveau des cours n’est que rarement indiqué dans l’Index-Dictionnaire. Assurez-vous, avant de l’apprendre, qu’il correspond à votre niveau, et que vos connaissances préalables permettent de l’assimiler : pour cela, retrouvez sa place dans le menu principal. Bien entendu, ce Dictionnaire reste surtout utile en ce qui concerne les termes techniques du bridge.

LE DICTIONNAIRE DES ENCHERES :

L’élaboration de ce dictionnaire continue lentement, et le nombre d’entrées a un peu augmenté depuis la dernière « Actualité du site ». On y trouve déjà plusieurs milliers de séquences. La plupart des nouvelles séquences a été rajoutée à la suite de vos questions d’enchères, lorsque la séquence étudiée n’y figurait pas. Mais évidemment, un tel Dictionnaire ne sera jamais terminé… Le SEF reste bien entendu l’ouvrage de base, ainsi qu’assez souvent les articles du Bridgeur. Les dictionnaires des enchères de Philippe Brunel et Catherine Sarian (silence adverse, 2001), ainsi que de Hervé Pacault et Philippe Brunel (enchères après intervention, 2004) restent mes ouvrages de référence, même si quelques séquences se sont beaucoup modifiées (évolution du SEF !) depuis leur publication.

LES ARTICLES :

Jusqu’à présent, 50 articles ont été publiés (en moyenne un toutes les six semaines depuis l’ouverture du site, avec un net ralentissement depuis deux ans), et sont facilement retrouvés dans la colonne de droite, dans les rubriques Articles récents, Catégories ou Archives. Ce sont des réflexions données au « fil de la plume », sur des sujets variés, mais qui n’ont pas la vocation à être des cours. Il me semble que la lecture de ces articles devrait bénéficier tout de même à de nombreux lecteurs, leur but étant souvent de « remettre les idées en place ». Si un sujet d’ordre général vous intéresse particulièrement, faites m’en part.

L’AVENIR :

Il y a actuellement plus de 600 lecteurs abonnés. Cet abonnement ne sert qu’à être informé par mail qu’un nouvel article est arrivé. Mais il est gratuit, et ne présente, je crois, aucun inconvénient. Alors, abonnez-vous, même si les articles sont devenus aujourd’hui rares : il faut bien dire que ce blog tourne maintenant tout seul…

LE BOUTON « DONATE » :

L’année dernière, ayant eu d’importantes pannes d’informatique qui avaient fini par être coûteuses, je vous avais demandé si vous vouliez bien participer au frais, et vous avez nombreux à répondre positivement. Je vous avais indiqué que je recommencerais dans six mois, mais je n’en ai rien fait, car vous aviez été suffisamment généreux, et je vous en remercie. Cependant, de nouvelles échéances arrivent (notamment l’hébergement du blog), et, pour les mêmes raisons, je remets le bouton Donate  ci-dessous et en première page, en faisant appel à votre contribution. C’est le système Paypal qui a été choisi, car c’est le plus commode (pour moi !). Sachez que vous n’êtes en aucun cas obligé de donner quoi que ce soit, et qu’en tout état de cause, la totalité du site est et restera accessible à tous. Il s’agit simplement, si vous pensez que vous avez pu progresser dans notre jeu grâce au présent blog, d’un geste de reconnaissance, un peu comme l’on a l’habitude maintenant de rémunérer Wikipedia. Le bouton « Donate » restera pendant un mois environ.

Je vous remercie d’avance de ce que vous ferez et surtout vous adresse mes meilleurs vœux, en cette fin d’année, pour votre progression dans notre formidable jeu.

Cordialement et bridgeusement vôtre,

O.C.

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Principes du jeu de flanc

Secrets Défense, Michelle Auboiron, 2008

Avez-vous vous pu vous rendre compte, au stade où vous en êtes dans vos progrès, que le jeu de flanc est au moins aussi intéressant, sinon plus, que le jeu du déclarant ? C’est avec le jeu de flanc que l’on gagne les tournois, et d’ailleurs, on joue deux fois plus souvent en flanc qu’en étant déclarant. Tout le monde (ou presque…), peut jouer en face du mort de façon correcte, et même parfois brillante. En revanche, la défense demande une réflexion particulière, car, pour réussir son contrat (14 levées moins celles du contrat du déclarant), on est deux ! Bien sûr, comme le déclarant, dès après l’entame, le défenseur voit 26 cartes, celles du mort et les siennes, et il va lui falloir élaborer un plan de jeu. Mais celui-ci ne peut être maîtrisé qu’en concordance avec son partenaire. Ceux d’entre vous qui lisent la revue « Le Bridgeur » connaissent les fameux et nombreux articles d’Alain Lévy sur ce sujet, avec sa « grille des levées du flanc », complétée le cas échéant par la « grille des levées du déclarant », vue par la défense. Il y a quelques années, Marc Kerlero, dans le mensuel « Bridgerama », destiné à des joueurs un peu moins chevronnés, avait consacré un dossier à cette question du jeu de flanc. Il déplorait que les joueurs dussent se contenter de subir le jeu du déclarant, en appliquant vaguement quelques recettes toutes faites, telles que « la faible du mort, gros en troisième, honneur sur honneur, etc. ». Aujourd’hui, ce sujet, qui est évidemment aussi éternel que le sera notre jeu, reste donc d’actualité. Il ne peut être question ici de donner une martingale, ni même de développer in extenso un sujet qui demanderait plusieurs volumes. Je chercherai donc surtout à souligner quelques points de repères, et surtout à donner l’envie au lecteur de s’améliorer dans ce domaine, où la bibliographie est abondante.

L’essentiel est d’être décidé à rester concentré dès l’entame, sans attendre d’avoir la main pour commencer à réfléchir au plan de jeu de la défense. Garder en tête tous les indices qui ne manquent pas de se présenter : « Tiens, Sud a pris le V de mon partenaire avec l’A. Mon partenaire a donc la D ». Vous devez organiser votre défense à partir d’une série d’actions qui doivent être toujours les mêmes, et devenir réflexes. 1°) Compter les points du mort, les ajouter aux vôtres, et partager le résidu (total : 40) entre votre partenaire et le déclarant, selon la précision des enchères et le contrat final. 2°) Essayer de reconstituer le mieux possible la couleur d’entame (honneurs restants, répartition). 3°) Essayer de deviner le plan de jeu adverse, en regardant attentivement le mort (couleur secondaire menaçante, fourchettes favorables ou non, etc.) : le déclarant va-t-il jouer en coupe (jouer atout) ? Va-t-il tenter des impasses (jouer neutre une couleur où l’on n’a rien) ? Pourra-t-il défausser ses perdantes sur une couleur affranchie (prendre des risques pour encaisser ses levées immédiatement, avant qu’il ne soit trop tard) ? Je vous conseille vivement de vous entraîner constamment à cette gymnastique intellectuelle, même (surtout ?) quand vous estimez que vous n’avez pas de jeu et qu’il n’y a rien à faire. Les mains blanches (0 points), peuvent être parfois décisives, si vous donnez les bons renseignements à votre partenaire (parité, refus, etc…).

Après les enchères suivantes, dans le silence adverse : S 1 – N 2 – S 2 – N 4, vous entamez du ♠R, et votre partenaire prend de l’♠A. Laissez le ♠R face visible, bloquant ainsi le jeu (vous en avez toujours le droit), et refusant de retourner votre carte jusqu’à ce que vous ayez suffisamment réfléchi à la situation : 1°) Points visibles : 12 + 10 = 22 ; 40 – 22 = 18. Sud a ouvert. Est n’aura donc que 6, maximum 7 points. 2°) L’entame : Sud n’a rien à ♠. 3°) Le mort est plat, mais l’impasse au R, bien placé pour Sud, va réussir. Tout est noté ? Vous pouvez retourner votre R♠. Est repart du ♠V. Vous ne savez pas s’il est sec ou encore second, vous prenez donc de la ♠D, et vous rejouez le ♠10. Tout le monde fournit. Quelle est maintenant la situation ? Sud avait 3 petits ♠, et il a forcément l’♣A et AR ou ARD pour justifier son ouverture. Il devient donc impossible de trouver une levée mineure. Le seul espoir réside dans la couleur d’atout, . Si Est a la D (très peu probable), votre V fera chuter. En fait, votre unique solution est d’espérer une promotion d’atout, en jouant le ♠9 en coupe et défausse : il faut souhaiter qu’Est possède le 9, obligeant Sud à surcouper de la D, votre seule chance de faire chuter (et si Est a la D, c’est encore mieux !). Est-ce que ce plan de jeu, en défense, vous a paru si difficile ?

Vous êtes maintenant assis en Est (diagramme de gauche). Toujours dans le silence adverse, Sud joue 4♠ (enchères : S 1♠ – N 2♣ – S 2SA – N 4♠). Ouest, votre partenaire, entame du R. Votre réflexe immédiat : singleton au mort, comment signale-t-on, déjà ? Il faudra faire une préférentielle ? Au lieu de cela, faites donc le petit check-up habituel : 1°) Points visibles 9 au mort + 6 dans votre main = 15 ; 15-17 points en Sud, restent 8 à 10 en Ouest. 2°) Couleur d’entame : le R doit être 5ème en Ouest, car Sud en a dénié 4 (en principe !). 3°) Le mort : quelle que soit la place du ♣R, le déclarant va défiler 5 levées à ♣ qui lui permettront 2 ou 3 (voire 4) défausses de ses perdantes, qui se situent dans les couleurs rouges. Et la couleur est protégée par la coupe du mort. Il faut donc déclencher le plan Orsec, espérant des perdantes à . Allons-y : R pris de l’A, et D ! C’est la dernière fois que vous serez en main, et la seule chance de faire 3 levées dans la couleur… En voyant les 4 mains (diagramme de droite), vous êtes récompensés de votre clairvoyance…

Encore un exemple, mais un peu plus compliqué, après des enchères expéditives, toujours dans le silence adverse : N 1 – S 1♠ – N 4♠. Ouest entame du 2 pour votre R (diagramme de gauche). Avant de retourner celui-ci pour ramasser la levée, faites le point devenu familier : 1°) Les points visibles : 19 + 11 = 30 ; avec au moins 5 points en Sud, Ouest n’en a pas plus de 5. 2°) La couleur d’entame : un nombre impair de en Ouest, plutôt 5, ce qui en laisserait 2 en Sud. 3°) Le mort possède une belle couleur à . Comme vous ne voyez pas très bien quoi faire, vous encaissez l’A, et Sud fournit la D (donc, Ouest a bien 5 cartes à ). Vous êtes toujours en main. Vous ferez le R plus tard, et si Ouest a l’♣A, il le fera toujours. Mais si Sud a l’♣A, il ne faudra jouer ♣ à aucun moment, sous peine de lui « filer » la 10ème levée : s’il a 5 cartes à ♠, il en fera toujours 10, mais s’il n’a que 4 ♠, il ne fera que 9 levées si on le laisse manipuler ses ♣ tout seul : 4 ♠, 3 , et 2 ♣). Les ne menacent pas vraiment (le déclarant est 4-2-3-4). Evidemment, si Sud possède la ♣D aussi, il n’y a aucune solution pour la défense, d’où l’hypothèse de nécessité : Ouest a la ♣D. Conclusion : la solution est de toujours jouer neutre : ♠ tout de suite, puis, après l’impasse au R, rejouer . On fera un ♣ en fin de coup. Si la défense joue ♣, elle perd sa levée naturelle dans la couleur…

Ces quelques exemples vous ont montré que le plus souvent, avec des raisonnements simples, on peut réaliser un bon flanc. Au passage, vous avez pu constater que les bons raisonnements découlent aussi d’une bonne signalisation par votre partenaire, et notamment le « pair-impair », auquel il ne faut sous aucun prétexte déroger. Combien de fois ai-je entendu « je n’ai pas voulu éclairer le déclarant en montrant ma parité » ? En vérité, c’est surtout votre partenaire que vous trompez dans ce cas ! Le déclarant, s’il ne peut pas se passer d’une impasse, où si une seule répartition lui convient pour réussir, posera ses hypothèses de nécessité, et votre « ruse » ne le gênera en rien ! Pour ceux d’entre vous qui sont inscrits à la FFB, et qui par conséquent reçoivent la revue l’As de Trèfle, je vous invite, après avoir lu cet article, à faire (ou refaire) les exercices de défense du dernier numéro (n° 34 de septembre 2018) que vous trouverez en fin de revue, à la page 28. Il s’agit, dans la mesure du possible, de compter la main du déclarant, au cours de 6 exercices, pas toujours faciles…

En conclusion, j’espère que lorsque vous serez en flanc (deux fois sur quatre), même avec un jeu qui paraît décevant (comme le deuxième exemple ci-dessus), vous saurez vous astreindre à la petite gymnastique d’esprit qui vous permettra de relancer la bonne carte, celle qui fait chuter le déclarant. Un peu de concentration vous permettra de vous appuyer sur un raisonnement, plutôt que de vous en remettre plus ou moins au hasard. La défense est, pour les bons joueurs, le compartiment le plus fascinant du jeu de bridge, celui qui donne le plus de satisfaction intellectuelle, et accessoirement celui qui permet de gagner les tournois. Ce n’est pas rien !

Olivier CHAILLEY

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La gestion des contrôles

Rassurez-vous, malgré ce titre quelque peu ambigu, nous sommes bien au bridge, et en aucune façon menacés par une sanction quelconque de la part des autorités financières. Il s’agit seulement de reprendre quelques notions indispensables pour tenter d’améliorer les chances de parvenir à ce dont tout bridgeur rêve, l’annonce d’un chelem qui ait une bonne chance de réussir. De plus, dans les années 2005-2010, la manière de traiter les contrôles a sensiblement évolué, et il est temps de les gérer à la moderne. Comme vous le savez, les contrôles ne concernent que les contrats de chelem à la couleur. Il ne sera donc pas question ici des chelems à SA, dont le succès statistique ne dépend que du nombre de points HL détenus dans la ligne (33+HL). A SA, on ne parle ni de contrôle, ni de Blackwood, mais d’enchères quantitatives (4SA par exemple) seulement. Lire la suite