Le SEF 2018

La Bible expliquée par la peinture,                                  Gérard Denizeau, Larousse, 2015

La plupart d’entre vous a dû faire l’acquisition du SEF (Système d’Enseignement Français) 2018, notre nouvelle bible du bridge. Il nous est présenté comme modernisé et plus complet que l’édition précédente de 2012, et, de fait, il s’est très nettement étoffé. La présentation elle-même a été entièrement repensée, et il apparaît donc en réalité comme un outil nouveau, dont l’esprit même est en rupture avec l’édition précédente.

La seule notion absolument constante, concernant le SEF depuis ses débuts en 1983, et qui est dûment rappelée dans sa préface, est qu’il ne doit pas être considéré comme un ouvrage permettant d’apprendre le bridge. Cette vérité, qui vous est rappelée tout au long du présent site, est encore plus vraie avec la dernière version. Le SEF est un ouvrage qui relève à la fois du « Dictionnaire » et du livre de « référence ». Il ne doit servir que rétrospectivement, lorsqu’un problème s’est présenté à la table, ou en cours de travail du bridge, pour vérifier le bien fondé d’une affirmation ou pour répondre à une question ponctuelle.

Pourquoi insister, particulièrement depuis cette dernière version, sur cette façon de penser le SEF ? Parce que si les premières versions, jusqu’à 2012, pouvaient servir à tous les joueurs, même débutants, la version 2018, selon les dires mêmes de ses concepteurs, est un référentiel de connaissances communes qui s’étend de la 4ème série majeure à la 2ème série majeure. De très nombreuses notions abordées ne peuvent l’être que si vous êtes en 2ème série, ou même en train de concourir pour arriver en 1ère série. Or, les connaissances nécessaires pour s’asseoir honorablement à une table sont en fait très peu nombreuses, finalement très simples et, surtout, doivent être solidement ancrées dans un socle que vos professeurs s’emploient à construire dans votre esprit. Ce n’est qu’à partir de ces notions de bases incontournables que vous pouvez ensuite construire, petit à petit, votre système, qui sera bien entendu in fine le SEF. Bref, vous l’aurez compris, le SEF 2018 a perdu de sa simplicité, car il a voulu « faire une synthèse factuelle des techniques de bridge résultant de la consultation des meilleurs enseignants français ».

Alors, le SEF 2018 contient-t-il vraiment beaucoup de nouveautés par rapport à ses version antérieures ? En vérité, on y trouve plusieurs sortes de modifications : 1°) les simples « nuances », mais qui sont parfois difficiles à gérer ; 2°) les changements vrais, qui touchent des notions anciennes qu’il faut donc réviser ; 3°) l’application de nouvelles conventions, jouées par beaucoup de joueurs depuis longtemps, mais qui n’avaient pas encore été intégrées. Voici un certain nombre d’exemples (la liste est loin d’être exhaustive) :

1°) Les « nuances » : une notion importante a été abordée, qui était à peine mentionnée précédemment, celle de main semi-régulière, qui comporte exactement 2 doubletons (5-4-2-2 ou 6-3-2-2). Et le SEF 2018 rajoute la possibilité d’ouvrir d’1SA avec ce type de main lorsque l’on possède 15 ou 16H (attention : pas 17). La raison est que la redemande peut être « délicate » si on l’ouvre normalement. C’est vrai si vous êtes déjà familiers avec la notion d’anticipation. Sinon, je vous recommande absolument d’abandonner la possibilité d’ouvrir des mains semi-régulières d’1SA, si vous n’êtes pas en 2ème série majeure ! Ce sera beaucoup plus simple, pour vous, de continuer à traiter les mains 5-4-2-2 comme des bicolores, et les mains 6-3-2-2 comme des unicolores. C’est ce que vos professeurs vous enseignent, tenez-vous y !

2°) Les « changements vrais » : ils sont peu nombreux mais peuvent être importants, car ils peuvent entraîner des « pataquès ». Premier exemple : en 2012, l’intervention par Contre sur l’ouverture d’1SA était punitive (main régulière à partir de 18-19HL ou bien 7 levées visibles dans la main du contreur). En 2018, ce Contre devient une convention « mineure-majeure » (une mineure 5ème au moins, une majeure 4ème). Autre exemple : après une intervention à 1SA, l’enchère de 2SA du répondant n°3, qui était un cue-bid forcing (sans enchère naturelle et sans main de « contre »), devient un « Truscott », c’est-à-dire une main fittée avec 5 atouts en mineure et 4 atouts en majeure, avec 11+HLD. Troisième exemple, de simplification cette fois : les enchères de réponse à l’ouverture de 1SA avec un bicolore majeur : sans espoir de manche, Texas ♠ puis passe ; avec une main de manche, 4 ; avec un espoir de chelem, Texas ♠ (2) puis 3.

3°) Les « introductions » : il y en a un certain nombre, et ce sont en général des conventions jouées depuis longtemps par les champions, mais qui n’avaient pas été encore intégrées dans le SEF : la défense contre les Michaël précisés (SEF 2018, p. 23), la « convention 2012 » après Stayman et réponse de 2/♠ (l’annonce de l’autre majeure au niveau de 3 par le répondant indique un fit et une ambition de chelem, SEF 2018, p. 26), le Texas « modulé » (rectificaton fittée) sur l’ouverture de 2SA (SEF 2018, p. 38), le « Rubensohl », l’« auto fragment-bid », le « super-forcing » (bicolore cher à saut), etc., etc.

Une des conséquences immédiates de la publication de ce nouveau SEF est que le présent site devient en partie obsolète, et qu’il faudra du temps (et du travail), pour le mettre entièrement à jour. De nombreuses pages ont déjà été « modernisées » mais beaucoup reste à faire. Il arrive souvent que vous, lecteurs fidèles, me signaliez tel ou tel changement à apporter, et je vous suis évidemment reconnaissant d’attirer mon attention sur ces points. Cependant, vous devez garder à l’esprit ce qui est la base de tout progrès dans notre jeu : ne mettez pas la charrue avant les bœufs ! N’essayez pas à tout prix d’apprendre la totalité du SEF, car c’est absolument impossible ! Continuez à apprendre petit à petit, leçon après leçon, et « débrouillez-vous » à la table avec vos connaissances, et surtout ce que vous avez compris (et non appris, comme le titre du site le suggère). Après les cours débutants, et en arrivant vers le milieu des cours de 1ère année (ou de 4ème série), vous devez avoir déjà un peu compris l’esprit qui sous-tend les enchères. Tout le reste n’est que du perfectionnement !

Un point important, qui risque de poser de gros problèmes pour tous ceux qui jouent en tournoi de régularité avec des partenaires différents. Il faudra vous assurer, avant les tournois, que telle ou telle nouveauté du SEF est connue de votre partenaire. Sinon, contentez-vous du SEF 2012, ou tout simplement de ce que vous avez appris comme socle des enchères. Très peu de conventions sont indispensables. Voici un rappel des principales d’entre elles. Pour les débutants, 4ème série et 3ème série mineures : Majeure 5ème, meilleure mineure (très important), 1SA 15-17, 2SA 20-21, Stayman, Texas, Misère dorée, Roudi, Contre d’appel, Contre Spoutnik simple, Surcontre, Blackwood 5 clés (30-41). Pour les 3ème série majeures : Chassé-croisé, Sous-Texas, Splinters, Contre Spoutnik généralisé, certains cue-bids simples, quatrième couleur forcing. Pour les 2ème série mineures : Convention 2012, Drury, Landy, Truscott, Michaël cue-bids, Rubensohl. Pour les 2ème série majeures et 1ère série mineures : 3ème couleur forcing, Mini-cue-bid, Contre Lightner. Bien d’autres conventions et variantes existent, mais elles sont du domaine des champions. N’écoutez surtout pas ceux qui vous les proposeraient à la table, sauf si vous êtes en 1ère série, bien entendu !

Pour compléter ces réflexions sur le SEF 2018, je me dois de vous signaler quelques outils qui pourraient vous être très utiles (en dehors du présent site !) :

1°) Les Cahiers de l’Université du Bridge (CUB#1, CUB#2, CUB#3, CUB#4 et CUB#5, tomes parus), qui sont en cours de publication et qui complètent et explicitent de façon remarquable le SEF. La présentation est très agréable, et les auteurs sont des champions et des pédagogues prestigieux : Philippe Cronier, Vincent Combeau, Michel Bessis, Norbert Lébely, Jean-Paul Balian, et les autres…

2°) Je vous recommande également un site très pédagogique, Vu-Bridge, qui, contrairement à « Comprenez le Bridge », vous permet de jouer sur l’écran en donnes préparées et commentées carte à carte par de grands experts. On ne peut jouer que dans un ordre logique et chaque erreur est expliquée. Un résumé de ce qu’il fallait faire est présenté après chaque donne. Il s’agit donc d’un excellent entraînement pour tous ceux qui veulent réellement progresser, un peu sur le mode du Pas à pas, méthode bien connue de Robert Berthe et Norbert Lébely. Trois niveaux existent en français (le logiciel était primitivement américain, donc en anglais) : débutant, intermédiaire, avancé. Un petit inconvénient, il est payant (pas très cher…). Ceci dit, vous pouvez y trouver trois donnes par semaine gratuites, à titre de test, avant de vous lancer à acheter des paquets de donnes. Un autre petit problème peut parfois survenir au cours des enchères, car elles ont été faites sur le modèle américain, en fait très proche du SEF. L’adaptation française tient compte de cet inconvénient et doit en principe avoir tout corrigé. Un certain nombre de commentaires renvoient d’ailleurs au présent site, où vous pourrez donc retrouver vos cours favoris !

Chers amis bridgeurs, ce SEF « étoffé » l’a été, comme le soulignent les auteurs, « afin que les joueurs qui le consultent comme une référence puissent disposer plus souvent des réponses aux questions qu’ils se posent ». Il sert donc à tous les joueurs, quel que soit leur niveau, dès qu’ils veulent se mettre d’accord sur une méthode à jouer lors de leurs tournois. Les élèves, eux, doivent continuer à apprendre à leur rythme, pour bien assimiler et comprendre ce qui se passe autour d’une table. Une seule référence pour eux : ce que leur enseigne leur professeur. Je vous souhaite une excellent progression.

Olivier CHAILLEY

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35 commentaires sur “Le SEF 2018

  1. Je trouve que vous êtes très indulgent sur ce nouveau SEF. Pour ma part je le trouve très confus dans son plan, on ne s’y retrouve absolument pas. On a surtout fait dans la coloration au détriment de la structure qui est très déprimante. Il faut acheter les CUB, qui sont très chers alors qu’on a juste acheté le SEF commenté de LÉVY… Enfin c’est du business.

        • Cher Monsieur,
          Vous avez raison, sauf que SEF veut dire Système d’Enseignement Français et non pas SER : Système de Référence Français !!! Un système d’enseignement français, en bon français, est un système destiné à l’enseignement. Vous n’y êtes pour rien évidemment !
          Cordialement

      • Cher Monsieur,
        Je découvre le bridge « académique » – c’est-à-dire enseigné en club (jusque-là je vivais avec des références intuitives : majeure 5ème etc.) -, et c’est vrai que le livre du SEF 2018 m’a laissé une perception d’être assez complexe à utiliser. Je découvre votre site et je perçois que je vais beaucoup apprendre car il parait bien plus didactique que le livre qui joue, à ce moment, le rôle de référence.

        • Cher ami bridgeur,
          Il n’est pas étonnant que vous ayez du mal avec le SEF, qui n’EST PAS un livre d’enseignement, mais seulement une REFERENCE pour uniformiser, tout au moins en France, un système de bridge. L’enseignement est délivré par l’Université du Bridge et ses moniteurs (dont moi !).
          Je vous souhaite une bonne progression dans ce jeu passionnant.
          Bien cordialement,
          Olivier CHAILLEY

    • J’approuve totalement ce commentaire. Le système français s’éloigne de plus en plus de ce qui est joué à l’international et de l’esprit du bridge pour en faire éhontément un simple business. Ni applicable aux débutants et aux joueurs occasionnels ni pratiqué par les mieux classés, il est donc inutile. La vraie majeure cinquième avec le trèfle d’appel inventée par le Français P Ghestem est maintenant modernisée, très efficace et sans ces multitudes de complexités, et elle est jouée partout sauf en France ! Fuyez ce livre.

  2. Comme tout est bien dit, rassurant les professeurs et les élèves, merci d’avoir pris soin de développer votre opinion sur ce sujet.
    Bien cordialement.

  3. Je comprends que le SEF n’intègre pas les multiples gadgets qui voient le jour et prenne le temps et le conseil des enseignants et des champions avant d’adopter telle ou telle nouvelle convention. Mais le 2/1 Forcing manche sur une ouverture majeure associé au 1SA de réponse semi-Forcing est pratiqué dans le système américain depuis longtemps et cette convention simplifie beaucoup la suite des enchères (c’est un avis assez unanime). Je n’ai jamais trouvé nulle part une critique fondée de cette convention qui justifie qu’elle ne soit pas intégrée dans le SEF. Si quelqu’un peut m’indiquer une telle critique je suis preneur. Je crains hélas que la raison soit purement dogmatique…

      • Que pensez-vous de ce 1SA forcing ?
        Autre question : j’adore votre site et je le consulte plus de dix fois par jour parfois. Mais pourrais-je vous demander une faveur : faire un listing de toutes les conventions SEF et hors SEF dans tout le bridge que vous jugez intéressantes et que vous recommanderiez éventuellement…
        Merci par avance

        • Cher ami bridgeur,
          Votre question m’a échappé, car vous ne l’avez pas écrite dans une nouvelle « boîte de commentaire », mais en réponse à un autre joueur ! Attention à bien placer vos demandes ! Je vous réponds donc bien tardivement…(!!).
          Je n’ai pas l’expérience du 1SA forcing, qui apparaît une bonne convention, mais, comme d’habitude, il convient de bien la maîtriser. Quant au listing dont vous parlez, vous avez compris qu’il n’est pas dans l’esprit de ce site, qui défend le SEF. Certaines conventions sont cependant « presque » SEF : la défense « multi-Landy » contre l’ouverture de 1SA, le Cachalot (bien meilleur que le Contre Lebel-Soulet), etc… Je vous recommande de ne pas multiplier les conventions, car vous aurez bien du mal à rencontrer des gens qui les jouent ! Que de pataquès dans les clubs !
          Bien cordialement,
          Olivier CHAILLEY

  4. Merci une nouvelle fois pour ce complément d’info sur le SEF 2018. C’est vrai que moi aussi (niveau 2ème série M), j’ai trouvé un peu confus et moins « lisible » que la version 2012, mais il faut le considérer comme un document de référence, et non un document pédagogique.
    Votre site par contre, quel régal !!

  5. Ok merci Olivier. Non, je voulais savoir si un autre site avait étudié cette convention avec surtout les inférences qui interviennent par rapport au SEF 2018.

  6. Cher Monsieur,
    Comme l’avez très bien dit, l’esprit du SEF 2018 est en rupture avec l’édition précédente. Il y a toutefois quelque chose qui est constant dans les éditions successives, c’est la 4ème de couverture. On y trouve déjà dans l’édition 1995 (la plus ancienne que je connaisse) et toujours dans la version 2018 : « enseigné dans tous les clubs […] réunit les conventions pratiquées par la majorité des joueurs de notre pays». À l’évidence ce n’est pas exact. C’est sans doute un vœu, mais on est loin du compte ! Les très bons joueurs trouveront peut-être leur bonheur dans cette version du Système d’Enseignement Français, mais pas les joueurs moyens, qui sont les plus nombreux.
    Le SEF se veut être LA référence. Je crois que l’on pourrait avoir DEUX références : un SEF BASIQUE et un SEF AVANCÉ.
    • SEF BASIQUE. Ça pourrait être une version relativement simple et PÉRENNE qui pourrait être une référence et un objectif pour débutants et joueurs moyens. Je vois deux textes qui, moyennant quelques ajustements de détails, pourraient être des candidats à cette fonction. Le premier c’est le SEF 1995 (Ed. FFB, ISBN 2-905660-51-1). Le deuxième c’est « Le système d’enchères (sic) français : la majeure cinquième » pp. 115-156 dans le Larousse du bridge (© Larousse, 1995, ISBN 2-03-518205-0) ; ce texte, rédigé par les meilleurs pédagogues de la FFB de l’époque, est bien structuré et très pédagogique.
    • SEF AVANCÉ. C’est le SEF actuel qui est ÉVOLUTIF pour intégrer de temps à autre des nouveautés. Les joueurs d’un bon niveau, mais aussi les autres qui en éprouvent le besoin, peuvent s’y référer.
    Qu’en pensez-vous ?
    René David

  7. Cher Monsieur,
    Avec le SEF 2018 comment peut-on intervenir après une ouverture de 1SA avec 4 Piques et 4 Coeurs et pas de mineure 5ème ? Avant c’était « contre ».
    Merci

    • Cher ami bridgeur,
      Il n’a jamais été question, dans aucun système, d’intervenir sur 1SA avec deux majeures quatrièmes. Depuis fort longtemps, le Landy est une convention qui indique neuf cartes en majeures (5-4) au moins. Jusqu’à présent, dans le SEF, Contre était punitif. Il indique depuis 2018 une main bicolore mineure-majeure (5-4), car il était vraiment rare de punir 1SA. Avec deux majeures quatrièmes et sans mineure cinquième (main autre que 5-4-4), on passe (et avec beaucoup de points, on fait chuter).
      Un seul cas existe où l’on peut se manifester, très rarement, avec deux majeures quatrièmes, c’est en réveil sur 1SA, avec un MAXIMUM de 8 points (vous êtes soumis), comptant sur les points de votre partenaire. On fait un Landy avec une carte de moins que la convention ne le prévoit (4-4 au lieu de 5-4), à ses risques et périls. Et on accepte, bien évidemment, d’être éventuellement sermonné par son partenaire.
      Bien cordialement,
      Olivier CHAILLEY

  8. Le SEF paraît être un système confus et compliqué. Inspirez-vous du système ACBL (2/1 ou SAYC) bien plus intuitif. Votre site est néanmoins intéressant et instructif.
    Bien cordialement,
    Mike

    • Cher ami bridgeur (britannique ?),
      Je connais bien les systèmes que vous proposez, ACBL ou SAYC. J’ai joué pendant vingt ans des systèmes similaires. Ils ne sont en rien moins compliqués que le SEF, surtout au niveau compétition. Et ils ne sont pas plus intuitifs. Leur esprit est en effet un peu différent, et il suffit, comme pour le SEF, de s’en imprégner, pour qu’ils vous paraissent plus familiers, plutôt que plus « intuitifs ». Evidemment, comme je l’explique à longueur de page, je me tiens au SEF, j’enseigne le SEF, rien que le SEF, le langage commun des joueurs français. C’est la philosophie du présent site. Mais chacun est libre de jouer ce qu’il voudra, quitte à tout embrouiller à sa table quand il vient en France (ne pas oublier d’alerter toutes les enchères) !
      Merci en tout cas de votre remarque, bien cordialement,
      Olivier CHAILLEY

  9. Cher Monsieur Chailley,
    Je viens de recevoir et de parcourir le SEF 2018. Pour moi qui ai appris le bridge dans les années 2010-2015, la chose qui me décontenance terriblement est ce que vous mentionnez partiellement dans votre point 1°) (ce qui correspond aux trois tirets de la page 24), à savoir désormais la possibilité et même l’incitation à ouvrir d’1 SA avec 15-17 H et a) une majeure cinquième 5-3-3-2 b) certains bicolores et unicolores. On nous a enseigné et répété le contraire pendant des années et des années, à l’écrit, à l’oral… Ce ne sont pas, à mon modeste niveau, des nuances mais des révolutions dont je me serais bien passé ! Le point a), comme le reconnaît le SEF, fait louper des fits 5-3 et (ça bien sûr c’est moi qui l’ajoute) s’oppose littéralement au nom et à l’esprit du système et le point b), ajouté aux huit (!!) exceptions de la page 48 (« focus sur…les ‘faux’ bicolores ») qui là aussi s’opposent à une règle qu’on nous a enseignée en long, en large et en travers (toute redemande de l’ouvreur au palier de 2 d’une deuxième couleur indique forcément une main bicolore), est une refonte totale qui m’oblige à jeter à la poubelle tous mes cours et fiches patiemment notés, rédigés et appris par coeur sur les unicolores, les bicolores, la redemande de l’ouvreur y compris délicate (principe du « meilleur mensonge » etc.) et à ne plus pouvoir du tout travailler avec mes « Bridge français » de 2003 (qui étaient déjà bien datés ! Mais lorsque j’ai commencé mon apprentissage en septembre 2010, il n’y avait que cette édition-là). De nombreuses déductions qu’on pouvait faire, tant aux enchères qu’au jeu de la carte, ne sont plus valables avec ce nouveau système ! Alors carrément à quoi bon continuer à parler de bicolore, de bicolore économique normal, à saut ou cher si c’est pour arriver à de tels raisonnements et un tel nombre d’exceptions qui invalident la règle, rendent les principes inopérants et les déductions erronées, et dont l’apprentissage exact semble, franchement, hors de portée pour de nombreux joueurs, en tout cas pour moi, je l’avoue sans honte… Bref je m’interroge sur la pertinence de cette mesure : si certains (très) bons joueurs veulent jouer comme ça, ok, mais pourquoi maintenant l’imposer à tout le monde ? Que de choses à réapprendre, à mettre à jour alors qu’on pensait, qu’on nous avait incité à penser, que certains principes étaient immuables… J’ai rendez-vous bientôt avec mon professeur et responsable du club et j’espère qu’il pourra me rassurer un peu, mais je vous avoue que je suis vraiment déconcerté…
    Bien à vous,
    M. L.B. (4 Trèfle)

    • Cher ami bridgeur,
      Vous avez raison, et l’Université du Bridge a eu probablement tort d’introduire une évolution aussi brutale. Cela dit, rien n’est perdu :
      1°) Le SEF est une référence et non un cours : relisez le début de l’article… Ils ont décidé d’en faire une référence pour les 1ère série, alors que jusque-là, il ne servait qu’aux 3ème série. Appliquez déjà les cours, ce sera largement suffisant pour vous en sortir. Vous jouerez les Michaël, le Cachalot, le 4♣ spécial, le double deux (ou le ping-pong ?), le Joséphine, le Rodrigue, et peut-être 35 autres conventions plus tard ! Et elles viendront perturber tout ce que vous avez appris jusque-là !
      2°) Alors faites simplement comme tout le monde : tout le monde se débrouille très bien avec le SEF 2012 et les cours qui vont avec. Mon cours est parfaitement suffisant jusqu’en 2ème série majeure inclus. Alors, attendez d’être en 2ème série pour en apprendre les cours !
      3°) Le bridge évolue (heureusement), au niveau championnat, mais personne ne vous impose d’apprendre cela. Par exemple, il ne faut JAMAIS, à votre niveau, ouvrir d’1SA avec une majeure 5ème, car vous allez non seulement vous embrouiller, mais aussi déconcerter votre partenaire. Attendez de faire des compétitions en nombre suffisant et introduisez cela EN ACCORD avec VOTRE PARTENAIRE.
      Alors, travaillez bien en suivant une progression historique que vous comprendrez évidemment à la longue. Les changements sont les mêmes pour vous que pour tout le monde. Il ne faut donc pas râler, mais les accepter, PLUS TARD.
      Bon courage, et bien cordialement,
      Olivier CHAILLEY

  10. P.S. (ou plutôt N.B.) à mon message d’hier :
    Encore quelque chose que je ne comprends pas du tout sur le SEF 2018 : p. 27, avec un bicolore majeur 5-5, en réponse à l’ouverture d’1SA et certitude de manche sans espoir de chelem, je dis 4♦. Pas de souci, c’est comme avant, on comprend très bien, l’ouvreur n’a plus qu’à m’annoncer et à jouer sa majeure troisième ou quatrième.
    Problème : imaginons que mon partenaire, jouant ce même SEF 2018, ait ouvert d’1SA nouvellement autorisé (p. 24, deux premiers tirets) avec 5 ♣ – 4 ♦ – 2 ♥ – 2 ♠ ou 6 ♣ – 3 ♦ – 2 ♥ – 2 ♠ ou 6 ♦ – 3 ♣ – 2 ♥- 2 ♠. Résultat : comme il n’a pas de majeure troisième ou quatrième, on se retrouve à jouer une manche en majeure alors qu’on n’est même pas fittés !! Ou alors on joue « à l’aveugle » un 4♦ (sans aucune certitude d’être fittés à ♦ non plus !) ou 4SA inutiles et dangereux !
    M. L.B.

    • Vous avez mis le doigt sur l’inconvénient d’aller trop vite ! Evidemment, si l’on accepte les changements, il faut en comprendre les inférences ! C’est la raison pour laquelle je vous INTERDIS, pour l’instant, d’accepter ces nouveautés, destinées aux joueurs aguerris. Jouez l’ouverture d’1SA comme d’habitude et vous n’aurez pas ces problèmes. On l’a fait pendant 50 ans sans problème, alors continuez !
      Moralité : apprenez les choses dans l’ordre, petit à petit, et n’allez pas plus vite que la musique…

    • Cher ami bridgeur,
      Votre raisonnement est très beau, mais il est faux. Si on joue 1SA avec une majeure 5ème, on ne jouera une majeure à 7 atouts que contraint et forcé, avec un système d’enchères complètement différent : par exemple, 2♣ sur 1SA est un Stayman où l’on ne répond que sa majeure 5ème, la réponse étant 2♦ sans majeure 5ème, etc.. L’enchère de 4♦ n’existe plus, etc., etc… J’insiste : ne jouez pas ce système SANS l’APPRENDRE (et/ou même l’élaborer) AVEC votre partenaire. Je n’ai jamais ouvert d’1SA avec une majeure 5ème, (sauf cas exceptionnels, moins d’une fois par an) et j’ai atteint sans problème la 1ère série majeure. Restriction : avec UN de mes partenaires de 1ère série, j’ai appliqué un système qu’il avait élaboré, très amusant, permettant d’ouvrir avec une majeure 5ème. Mais ce système ne s’est pas répandu, et cet ami est mort…
      Vous dites que l’« ancien système » était statistiquement meilleur : quelles sont vos sources ? En réalité, le système n’a jamais changé, il est simplement aujourd’hui exprimé dans le SEF (à mon avis, à tort…).
      Par ailleurs, vous semblez paniqué à l’idée de chuter des contrats ! Un bon contrat de 3SA (avec 25 points dans la ligne) ne se gagne qu’une fois sur 2. Et avec 26 points, 2 fois sur 3. Avec 24 points, on gagne tout de même une fois sur 3. Ces chiffres (voir les scores et la marque) sont ceux qui paient à LA LONGUE. Bien entendu, ces pourcentages concernent les champions, qui optimisent au maximum le jeu de la carte. Vous, vous ferez (beaucoup) moins bien…
      Bien cordialement à vous,
      Olivier CHAILLEY

  11. Au bridge, il faut toujours raisonner statistiquement. La probabilité des cas que vous citez est sans aucun doute très faible … Il faut accepter ce qui par ailleurs est très favorable dans le plus grand nombre de cas, et tant pis pour les mauvaises réalisations.
    Annoncer 1SA avec 2-2 en maj suppose tout de même des couleurs gardées, et donc réduit les dégâts potentiels.

    • En réponse à Patrick.
      Bonjour Patrick,
      Je suppose que votre message est une réponse à mon P.S.
      Pour 5-4-2-2 avec les deux majeures secondes, le SEF 2018 ne précise nullement qu’annoncer 1 SA suppose des couleurs gardées (il semble le préciser en effet pour les deux autres cas de mon P.S.). Je ne pense pas que la probabilité des cas que je cite est très faible. Minoritaire, oui, au niveau des ouvertures, pas du raisonnement ensuite (voir ci-dessous) mais suffisamment substantielle pour se demander si le jeu en vaut la chandelle. Je développe mes exemples un peu plus que dans mon P.S. :
      a) Mon partenaire a donc dit 1 SA avec 5 ♣ – 4 ♦ – 2 ♥ – 2 ♠. Là-dessus avec mon bicolore majeur 5-5 manche certaine sans chelem je dis donc 4♦. Il a deux possibilités : soit passer, soit dire 4SA (il est évidemment exclu de dire 5♣ étant donné que dans l’écrasante majorité des cas nous ne serons pas fittés à Trèfle. Passer = on joue 4♦. Mais évidemment je ne peux pas avoir quatre ♦ avec mon bicolore majeur 5-5, donc on jouera 4♦ sans être fittés. Je peux en avoir au maximum 3 (probabilité très rare), le plus souvent j’en aurai 2 ou 1 : conclusion, nous jouerons 4♦ avec, dans la grande majorité des cas, 5 ou 6 atouts dans la ligne ! Bon courage… Dire 4SA ? On chutera souvent…Les adversaires ont des points quand même et moi je suis bicolore 5-5, lui il n’est que semi-régulier…
      b) Les deux autres mains : 6 ♣ – 3 ♦ – 2 ♠ – 2 ♥ et 6♦ – 3 ♣ – 2 ♥ – 2 ♠. Là en effet mes deux majeures doivent être gardées. On ne peut pas jouer respectivement ni 5♣, ni 5♦, dans la moitié des cas nous ne serons pas fittés, on se ferait démonter, et en plus (même fittés) ce palier au-dessus peut nous être fatal. Ce sera donc 4♦ (sans être fittés dans la moitié des cas) ou 4SA pour la deuxième main, forcément 4SA pour la première. Jouer 4♦ sans fit une fois sur deux, 4SA avec deux jeux irréguliers même avec les deux majeures gardées et 11-15 H en face, ça va être compliqué… Là aussi la probabilité qu’on chute n’est pas très faible mais bien réelle. Sur l’ensemble des mains qu’on peut ouvrir d’1 SA depuis 2018, ces trois mains sont minoritaires de façon statistique mais enfin elles arrivent quand même de temps en temps. Les trois ensemble, ça commence à faire un pourcentage substantiel, or évidemment si mon partenaire joue le nouveau système je ne sais pas ce qu’il a quand il dit 1SA.
      Je pense, à mon humble niveau, que l’ancien système était statistiquement meilleur.
      Bien à vous,
      M. L.B.

    • Chers amis bridgeurs,
      Vous vous noyez dans un verre d’eau. Quand on est en 4ème série, on apprend les cours pour débutants et pour 4ème série, POINT FINAL. Et on se débrouille avec, car ils vous permettront d’arriver en 3ème série, sans même ouvrir les cours correspondants, et sans difficulté. Quand vous serez en 3ème série, vous en lirez les cours, et ainsi de suite. Ensuite, vous vous abonnerez à Bridgerama-Le Bridgeur, et vous vous mettrez au courant des évolutions que vous choisirez (ou non) de suivre. Ce qui est pondu par l’Université du Bridge résulte d’une expérience de 60 ans que vous n’avez pas ! CE n’EST PAS avec le SEF que l’on apprend !
      Bien cordialement à vous,
      Olivier CHAILLEY

  12. P.S. à mon message du 10/1 en réponse à Patrick :
    Bien sûr dans tous les cas mon partenaire peut quand même annoncer une de ses deux majeures secondes et nous jouerons donc 4♥ ou 4♠ avec sept atouts… Ce qui signifie que nous chuterons dans la majorité des cas (les points D ne comptent plus, alors que moi je les avais comptés avant de dire 4♦…), même d’ailleurs avec 27HL (il peut toujours y avoir jusqu’à 15H en face).
    M. L.B.

    • Voir les commentaires précédents. Remarques : 1°) l’enchère de 4♦ n’existe plus, alors n’en parlez plus ; 2°) pourquoi les manches à 7 atouts perdraient elles le plus souvent ? Si l’on joue bien, elles ne sont annoncées que parce que c’est LA SEULE CHANCE de gagner une manche. Tous les autres contrats sont donc censés faire MOINS BIEN ! Apprenez donc vos cours dans l’ordre !
      Olivier CHAILLEY

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